Les Rencontres d'Aix : l'Europe à la recherche du remède miracle

Le bilan social de la crise financière partie des Etats-Unis en 2007 est particulièrement lourd : 46 millions de chômeurs. Soit 16 millions de plus dans l'ensemble de l'OCDE, 6,8 millions de plus en Europe (600.000 pour la France). Invités à réfléchir sur le long terme, les participants à la dixième édition des Rencontres d'Aix ont semblé d'accord sur le diagnostic. « We are in the middle of the beginning of the end », a résumé Christine Lagarde. Traduire : « In the middle of nowhere » ? Non, la ministre de l'Economie est optimiste alors que le FMI crédite le monde d'une croissance de 4,5 % cette année. Mais il faudra beaucoup de temps pour retrouver la situation d'avant.Comment sortir du dilemme entre Keynes (la relance, version Obama) et Ricardo (la rigueur, version Merkel) ? L'Europe semble prise au piège, car les politiques d'austérité inévitables pour purger le surendettement public menacent de la faire replonger. Fidèle à sa réputation de « Mr Doom », Nouriel Roubini, l'économiste qui avait prédit la crise, prévoit une croissance zéro en Europe à la fin de l'année. Pour sortir de ce dilemme, Christine Lagarde a proposé le terme Ri-lance, rigueur et relance en même temps. Sans convaincre... un sursaut« La crise nous a fait perdre un point de croissance potentielle, ramenée à 1 % », a souligné Patrick Artus chez Natixis. Une « anomalie » au regard des perspectives pour les Etats-Unis ou l'Asie, qui nous menace d'un grave décrochage. Il faudra cinq à dix ans pour retrouver le niveau de chômage d'avant crise et encore plus pour l'endettement. Un sursaut est encore possible, a affirmé Jean-Hervé Lorenzi, le président du Cercle des Economistes. Le commissaire européen Michel Barnier a promis pour octobre une réforme du marché intérieur avec 30 mesures (sur les brevets, les marchés publics, un livret d'épargne européen...) pour relever d'un point la croissance européenne.Mais en attendant, domine le sentiment d'une impuissance des politiques à réguler la finance et sa tendance à continuer comme avant, symbolisée par l'échec du G20 de Toronto. « Nous n'allons pas faire semblant de réformer », a prévenu Michel Barnier, en réponse à des banquiers et à des assureurs qui craignent, en retour de bâton, un excès de réglementation.Mais, dans l'administration du médicament, « nous ferons attention à la prescription », a-t-il répondu à Henri de Castries, président d'Axa, inquiet de devoir avaler toute la boîte de médicaments plutôt que quelques pilules... Pour retrouver le point de croissance qui nous manque, les économistes sont tous d'accord : il faut investir dans le capital humain, dans les dépenses d'avenir en réorientant l'épargne vers le long terme. Voilà la recette, reste à trouver le bon dosage pour la mettre en oeuvre en évitant de mourir guéris. Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, a conclu les Rencontres sur un message optimiste : « L'Europe a une capacité à affronter les défis supérieure à ce que l'on anticipe souvent », a-t-il dit, en référence à la résolution de la crise grecque, à condition de faire les réformes structurelles nécessaires, devenues encore plus urgentes qu'avant.
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