Le Mexique peine à remonter la pente

AmériquesAssis en tailleur sur le Zocalo, la place principale de Mexico, un écriteau à la main, Carlos Ferrera a rejoint les dizaines d'ouvriers qui proposent leurs services à la journée. « J'ai été licencié. Comment vais-je nourrir ma famille ? » s'inquiète ce plombier de 32 ans. Le Mexique affiche la situation économique la plus désastreuse de toute l'Amérique latine. La croissance devrait chuter de 7,3 % en 2009, contre ? 2,5 % en moyenne pour les nations d'Amérique latine et des Caraïbes, selon le FMI. Le chômage a atteint 6,4 % en septembre (avec 2,9 millions de demandeurs d'emplois), son taux le plus élevé depuis quatorze ans. Et le pays pourrait devoir attendre jusqu'à 2012 pour retrouver son niveau de richesse de 2008. « Le Mexique est trop dépendant du marché américain, qui représente 80 % de nos exportations », pointe Sergio Kurczyn, économiste à la banque Banamex. Dépendance aux exportations, mais aussi aux « remesas », ces envois d'argent effectués par les milliers de Mexicains installés de l'autre côté du Rio Grande. Les transferts de fonds ont baissé de 12,8 % entre janvier et août derniers, alors qu'ils représentent la deuxième source de devises du pays derrière le pétrole.recul des investissementsEn outre, la production pétrolière, qui contribue à hauteur de 40 % au revenu national, fond comme neige au soleil. Et enfin, dans la capitale, Mexico, le tourisme (troisième secteur économique du pays) et les ventes dans le commerce et les services ont glissé de 14 % en septembre, après une chute de 45 % en mai dernier. Sans oublier que les investissements étrangers afficheront un recul de 20 % cette année, selon l'ONU.De quoi fragiliser le président conservateur Felipe Calderon. En 2008, il avait promis un plan de relance de 42 milliards dollars, sous forme d'investissements publics et privés essentiellement pour les infrastructures. Seule la moitié des fonds a pour l'instant été débloquée. Quant au budget 2010, il est loin de faire l'unanimité. Votée ces jours-ci par les sénateurs, la réforme fiscale, visant à renflouer les caisses de l'État, a provoqué la levée de boucliers de l'opposition. Les élus de gauche ont par exemple rejeté l'instauration d'une taxe de 2 % sur les aliments et les médicaments. « Cela aurait pénalisé les plus démunis », a justifié Beatriz Paredes, dirigeante du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel, opposition majoritaire à l'Assemblée), même si l'impôt devait financer la lutte contre la pauvreté? Ce qui est sûr, c'est que les Mexicains s'appauvrissent. Depuis un an, la crise a jeté 6 millions de personnes supplémentaires dans la « pauvreté alimentaire », dans un pays où près d'un habitant sur cinq souffre de malnutrition.Frédéric Saliba, à Mexico
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.