Zone euro : la fausse bonne nouvelle

Avec la résurgence de l'inflation à 2,2 % à la fin décembre 2010, et avec des taux euribor à trois mois d'à peine 1 %, la zone euro se retrouve avec des taux d'intérêt réels franchement négatifs. Pour les États ou les ménages surendettés de la zone, c'est en théorie une excellente nouvelle : en principe, les taux d'intérêts réels négatifs réduisent la valeur des dettes, et opèrent un transfert de pouvoir d'achat invisible mais bien réel des prêteurs vers les emprunteurs. Rien de tel pour relancer l'investissement et sortir de la crise, n'est-ce-pas ? En fait, la nouvelle est beaucoup moins bonne qu'il n'y paraît. Et ce, parce que la résurgence de l'inflation vient uniquement de la flambée des prix de quasiment toutes les matières premières importées, et en aucun cas d'un dynamisme particulier de l'économie de la zone, l'inflation sous-jacente étant toujours à 1,1 %. Quand on paie plus cher son essence et ses céréales, mais aussi son cuivre, son coton, ses fruits et légumes, ses huiles alimentaires, etc. sans que son activité, et partant ses revenus, n'augmentent plus vite, on s'appauvrit. Et les dettes que l'on doit rembourser n'en pèsent que plus lourd. Ceci est aussi vrai pour les États que pour les ménages, les recettes fiscales étant, comme les salaires, indexées sur l'activité. Pire : une baisse des taux d'intérêt réels encourage d'abord... l'investissement dans la pierre, et nourrit la bulle immobilière ! Rien de tel pour appauvrir un peu plus la classe moyenne. En fait, précise Patrick Artus chez Natixis, « l'inflation réduit le poids des dettes dans les revenus si et seulement si les revenus eux-mêmes augmentent ». En clair, seule l'inflation domestique dans un contexte de croissance qui alimente la hausse des salaires, aide à détruire les dettes. L'inflation importée que nous subissons aujourd'hui ne peut que nous appauvrir un peu plus, et empêcher la reprise économique. D'ailleurs, se souvient Antoine Brunet, président de AB Marchés, n'est ce pas elle qui, en 2008, avait cassé la croissance ?
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.