L'euro amorce sa revanche sur le dollar

N'en déplaise au magazine américain « Newsweek », dont la une présente un euro brisé en deux morceaux, symbole d'une Europe en lambeaux, la monnaie unique reprend l'ascendant sur le dollar. Lundi, jour de l'indépendance des États-Unis, l'euro a conservé la majeure partie des robustes gains engrangés la semaine dernière. Obnubilés pendant de longues semaines par la crise de la dette souveraine de la zone euro, déclenchée par l'état de quasi-cessation de paiements de la Grèce, les acteurs du marché des changes avaient lâché sa monnaie, la faisant tomber à son plus bas niveau depuis quatre ans face au dollar, à 1,1875 début juin. Depuis, leur agressivité s'est émoussée permettant à l'euro d'afficher un regain de vigueur de 3,5 % face au billet vert au cours de la seule semaine écoulée, et de 6 % par rapport à son point bas récent. Il se passe de toute évidence quelque chose de nouveau dans la tête des stratèges changes. Comme s'ils voulaient lancer un message aux hommes politiques. S'étant trop longtemps laissé absorber par les soubresauts de l'Europe, les opérateurs réalisent brutalement que tout n'est pas si rose du côté de l'Oncle Sam. Phase de scepticismeCette prise de conscience fait suite à la fois à une avalanche de statistiques américaines défavorables, ainsi qu'au bon déroulement du remboursement de la première opération de refinancement à un an de la BCE jeudi dernier, qui tend à prouver que le système bancaire de la zone euro n'a pas été gravement contaminé par la crise de la dette souveraine. En outre, une nouvelle donne se dessine sur le Vieux Continent. Lundi, on apprenait simultanément que la Grèce avait tenu son objectif de réduction du déficit budgétaire au premier semestre et que l'Allemagne remettait de l'ordre dans ses finances publiques plus vite que prévu, grâce à une reprise économique plus vigoureuse qu'anticipé. Du coup, après une phase de scepticisme à l'égard des plans d'austérité qui pullulent en Europe, les opérateurs se prennent à croire aux vertus de la « rilance », nouveau concept lancé par Christine Lagarde, le week-end dernier, alliant rigueur et relance. Et commencent à jeter un regard suspicieux sur les Etats-Unis. Non seulement Washington n'a pas commencé à s'attaquer à l'assainissement de son déficit public, pourtant proche de 12 % du PIB, et ne le fera pas avant les élections de mi-mandat, mais la menace d'une récession en « double creux » se profile. Même si ce scénario reste peu plausible, il se confirme que la croissance sera moins robuste dans la deuxième partie de l'année. Le décalage conjoncturel entre les Etats-Unis et l'Europe, qui avait favorisé le dollar jusqu'au début juin, serait alors moins important que ne le prédisaient les économistes. Dans la foulée les chartistes ont ressorti leurs graphiques. Citigroup fait remarquer que l'euro a franchi la « ligne de cou » d'une figure réputée, baptisée « tête et épaules », qui pourrait le propulser jusqu'à 1,31 dollar. Il se passe de toute évidence quelque chose de nouveau dans la tête des stratèges changes.
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