Quand l'esprit d'entreprendre crée de l'emploi

« J'ai des questions à toutes vos réponses », disait Woody Allen. L'idée selon laquelle l'investissement serait une réponse à la crise est largement répandue. Mais cette perception de l'investissement comme facteur de création et de renouvellement de la richesse nationale conduit souvent à négliger d'autres pistes.L'économie française est largement « tertiarisée ». Les services se développent par priorité sur un capital humain et intellectuel à faible intensité capitalistique.De nombreux freins à la décision d'investir résultent des caractéristiques mêmes des sociétés développées : l'accélération du progrès technique qui favorise l'attentisme, le durcissement des normes environnementales (on construit plus facilement des barrages ou des centrales nucléaires en Chine qu'en France), le taux d'équipements industriels ou collectifs, la préférence pour l'emploi, la concurrence des pays émergents. La liste est longue.Pour compliquer les choses, les pouvoirs publics encouragent à la fois la création d'emplois et les nouvelles technologies, souvent facteurs de productivité comme la numérisation ou la robotisation.Le couple investissement-emploi est au coeur de toute politique économique et relève en même temps du calcul capitaliste et du volontarisme social. On constate hélas une mésentente dans ce couple-là. Le taux de variation annuel de l'investissement dans l'industrie manufacturière a été négatif cinq fois dans les huit dernières années. Chacun connaît par ailleurs la dégradation continue du marché de l'emploi. Et ce n'est pas de l'étranger que viendra le salut. L'Agence française pour les investissements internationaux a calculé que les investissements étrangers en France avaient permis de créer ou de maintenir près de 30.000 emplois en 2009, une goutte d'eau face aux 2,6 millions de chômeurs.Faut-il baisser les bras ? Compter sur l'État pour se substituer aux entreprises ? Attendre une hypothétique reprise économique ? Même dans un pays réputé aussi peu entreprenant que le nôtre, nous voyons poindre des signes d'espoir qui pourraient se transformer demain en nouveaux vecteurs de la création de richesse. Nous voulons parler notamment du statut d'auto-entrepreneur, même s'il est de bon ton dans certains milieux d'exprimer des doutes sur son efficacité et sa pérennité.Le succès de la formule ne se dément pas avec 400.000 inscrits depuis janvier 2009. Ce statut aurait pu n'être qu'un habillage, une raison sociale pour chômeurs. Et pourtant, plus de la moitié des nouveaux entrepreneurs sont salariés ou retraités. La preuve semble donnée qu'il y a en France, malgré la crise, le pessimisme ambiant et l'assurance chômage, un appétit d'entreprendre que l'on n'attendait pas. En introduisant de la facilité et de la simplicité dans le système complexe et rigide qui régit le travail en France, on n'a pas résolu tous les problèmes, mais on a fait un grand pas vers une économie de services fluide, diversifiée et personnalisée.La libération d'énergie favorisée par le nouveau statut d'auto-entrepreneur mériterait d'être assouplie (les limites du chiffre d'affaires autorisé semblent sous-dimensionnées). Mais si les PME bénéficiaient de mesures aussi simples et novatrices ? l'association Croissance Plus en a proposé de percutantes au gouvernement ?, il est probable que le « désert industriel » se remplirait plus rapidement et qu'investir deviendrait en France à nouveau synonyme d'entreprendre.Notre pays n'est pas condamné au déclin. L'imagination créatrice, le goût de l'aventure, la capacité de rebond sont constitutifs du génie français. Comment expliquerait-on autrement le succès de nos compatriotes à l'étranger (qui n'est pas seulement celui des grandes sociétés) ? Libérer les initiatives et encourager la prise de risque sont des objectifs à notre portée, même ? et surtout ? en période de crise.
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