Trader gonflé à la testostérone, jeune financier aux dents longues, dirigeant de banque cupide : les idées reçues sur le monde de la finance abondent. Surtout, elles sont associées de manière systématique à un homme. Et pour cause, le milieu ne fait pas la part belle aux femmes. Plus que partout ailleurs, leur intégration y est difficile. Avec la crise, certains prédisaient le retour en grâce de la gent féminine, lui prêtant une capacité à mieux gérer les risques que les hommes. Hélas, l'inverse s'est produit. Illustration à Wall Street : depuis juillet 2007 et l'arrivée de la crise, les femmes employées dans la finance ont été cinq fois plus touchées par les licenciements que leurs alter ego masculins, d'après des données réunies par l'agence Bloomberg. Au deuxième trimestre 2010, la finance américaine comptait 537.000 femmes de moins que trois ans plus tôt, soit une chute de 12,5 % de leur effectif total. Chez les hommes, la baisse atteignait à peine 4 %. Tous secteurs confondus, la force de travail féminine aux États-Unis n'a décru que de 2,6 % sur la même période. Autre constat, les différences des salaires se sont encore creusées. Au début de la décennie, pour 1 dollar reçu par un homme, une femme percevait 63,9 cents, d'après le US Government Accountability Office. En 2007, dernière année pour laquelle les données sont disponibles, cette part était descendue à 58,8 cents. Là encore, cet écart constitue un record outre-Atlantique. Et, au-delà des statistiques, une problématique sociale se pose : les femmes ont-elles les mêmes chances d'accéder aux postes à responsabilité ? Bien sûr, la réponse est non. Plus le niveau de hiérarchie est élevé, moins la gent féminine est représentée. Goldman Sachs et Morgan Stanley ne comptent ainsi qu'une femme parmi leurs dirigeants les mieux placés. Citigroup, pour sa part, n'en a nommé aucune dans son comité exécutif de 19 membres. Mais certaines ne s'en laissent pas conter. Le mois dernier, trois anciennes employées de Goldman Sachs ont ouvert une action en justice pour discrimination. A. M.

latribune.fr

06 Oct 2010, 23:30

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