L'opposition britannique veut tailler dans les dépenses publiques

Royaume-Uni« Du sang, du labeur, de la sueur et des larmes? » Les promesses des politiciens britanniques ces jours-ci semblent se rapprocher de celles de Winston Churchill au début de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir parlé dans le vide pendant des mois des nécessaires « coupes budgétaires » à venir, travaillistes et conservateurs multiplient les annonces concrètes, avec des mesures très brutales.Lundi soir, le gouvernement de Gordon Brown a promis un gel des salaires des 750.000 fonctionnaires les mieux payés, ou au plus une augmentation inférieure à 1 %. George Osborne, le chancelier « fantôme » des conservateurs, a répliqué hier, promettant un gel d'un an des salaires de tous les fonctionnaires, sauf les moins bien payés (gagnant moins de 20.000 euros par an). « La Grande-Bretagne sort de la pire récession depuis la guerre. Notre pays fait face au plus important déficit de son histoire moderne. Et nous n'avons pas d'autre choix que de nous y attaquer décisivement. »George Osborne, dans un grand discours au congrès annuel des conservateurs à Manchester, s'est également attaqué à l'âge de la retraite. Celui-ci passerait de 65 à 66 ans dès 2016 pour les hommes, et en 2020 pour les femmes. L'annonce accélère d'une décennie un processus déjà entamé par le gouvernement actuel.Développant l'idée que « nous sommes tous ensemble dans cette crise », George Osborne a aussi proposé des mesures touchant les classes moyennes. Il veut réduire les allocations familiales accordées aux familles gagnant plus de 55.000 euros par an. Quant à l'impôt sur le revenu des plus riches, qui va être augmenté à 50 % à partir d'avril prochain, il serait maintenu à ce taux par les conservateurs en cas de victoire électorale, du moins dans un premier temps.les « chômeurs » au travailLes plus pauvres ne sont pas oubliés pour autant, avec un grand plan visant à remettre au travail les « chômeurs cachés », notamment ceux qui reçoivent des allocations pour handicapé. Les 2,6 millions de Britanniques percevant cette aide feraient face à un test de capacité médicale rigoureux, et recevront des allocations chômage moins généreuses s'il est prouvé qu'ils peuvent travailler.Enfin, symbole indispensable, George Osborne n'oublie pas les politiciens eux-mêmes : il propose une baisse du salaire des ministres de 5 %, la fin du généreux système de retraite des députés, et une baisse d'un tiers des dépenses du gouvernement central. Et pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, il a conclu son discours d'une chute brutale : « Ceux qui vous disent que tout ça peut être évité ne vous disent pas la vérité. »La réalité des finances publiques britanniques est effectivement catastrophique. La Grande-Bretagne fait face à un déficit qui devrait dépasser 11 % du PIB cette année et 13 % l'année prochaine, selon le FMI. Pourtant, les annonces de George Osborne, aussi spectaculaires soient-elles, n'économiseraient que 7,5 milliards d'euros par an (sans compter la réforme des retraites, qui n'économise rien avant 2016). Cela ne représente que 4 % du déficit de cette année. Pour le reste, les conservateurs promettent de vagues mesures d'économies, qui permettraient d'améliorer l'efficacité des services publics.Pourtant, même si c'est insuffisant, le discours de George Osborne souligne l'étonnante ambiance politique qui règne en Grande-Bretagne à huit mois des élections générales. Dans une sorte de populisme à l'envers, les trois principaux partis ? travaillistes, conservateurs et libéraux-démocrates ? s'efforcent de promettre des coupes supérieures à celles des autres. Le pari est osé. Mais les conservateurs, avec quinze points d'avance dans les sondages sur le Labour, estiment que c'est sur la crédibilité que l'élection se jouera.Éric Albert, à Londres
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