Les échanges de quotas de CO2 restent au point mort

En gelant trois semaines durant les registres de quotas de CO2, Bruxelles a aussi refroidi les participants du marché au comptant. Les volumes échangés lundi sur Bluenext ont été très faibles, et nuls sur la place de marché allemande EEX. Si cinq registres ont été autorisés à rouvrir vendredi (France, Allemagne, Pays-Bas, Slovaquie et Royaume-Uni), 25 autres restent fermés. Surtout les registres victimes de vols : la République Tchèque, la Grèce, l'Italie, l'Estonie, la Pologne et l'Autriche. « Certains industriels sont disposés à reprendre les opérations, essentiellement ceux qui ont trop de quotas puisque la vente leur permet de retirer du cash. Mais aucun intermédiaire ne veut prendre de risque, il y a trop d'argent à perdre », assure un trader. De fait, les intermédiaires ont des marges trop faibles pour assumer les risques de perte sèche induits par les vols de quotas. Au total, les quotas disparus après des attaques informatiques (« hacking ») représentent 50 millions d'euros. Plusieurs intermédiaires auraient des quotas « gelés », pour l'équivalent de plusieurs centaines de milliers d'euros. Or, ce risque n'aurait pas disparu. De l'avis général, les cinq listes de quotas volés ne seraient pas exhaustives.La principale place de marché pour les échanges spot, Bluenext, qui affirme le contraire, n'a donc guère convaincu. Elle n'a réalisé hier sa première transaction qu'en début d'après-midi, et les échanges sont restés symboliques. Ailleurs, les places de marché restaient fermées, à l'instar du contrat « day-ahead » d'ECX. « Cela montre que le marché n'est pas satisfait des mesures qui ont été prises, il y a encore des problèmes juridiques », assure Henry Dewent, directeur général de l'association IETA, principal lobby des intervenants du marché du CO2. Les vols de quotas ont aussi mis en lumière une myriade de régimes juridiques différents Ainsi, en France, un intermédiaire est susceptible d'être accusé de recel s'il cède un quota volé dans un autre pays tandis qu'il ne sera pas poursuivi en Allemagne.Responsabilité des registresEn revanche, le Dehst, qui gère le registre allemand, fait aujourd'hui face à des poursuites. Le papetier Drewsen National Papiere l'a assigné devant le tribunal administratif de Berlin en octobre dernier. « La société réclame la restitution de 88.000 quotas subtilisés sur son compte en janvier 2010, mais il s'agit de la seule société qui poursuive le registre », confirme un porte-parole du Dehst. Il y a un an, plusieurs sociétés allemandes avaient vu des quotas disparaître de leurs comptes. Il s'agissait alors d'une opération de « phishing », et non de « hacking » : les fraudeurs se faisant passer pour les registres avaient réclamé leurs codes d'accès à plusieurs intervenants de marché. Si les arguments juridiques du papetier semblent fragiles dans la mesure où la société s'est laissée bernée, la responsabilité des registres semble engagée dans les vols de quotas intervenus en janvier 2011 pour des questions de sécurité informatique. Les chambres de compensation, censées jouer les filtres entre places de marché et intervenants, pourraient aussi être concernées par des poursuites, notamment IceClear pour les dérivés de Co2 à Londres sur ECX.
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