La culpabilité, meilleur ennemi de la femme

La culpabilité : c'est sur ce thème notamment que se réunissent aujourd'hui 500 femmes au sein d'un colloque organisé par le cercle InterElles. Ingénieurs, cadres de grands groupes français et internationaux, elles se retrouvent régulièrement pour partager librement expériences, peurs intimes ou contraintes ordinaires qui peuvent empêcher les femmes d'avancer et qu'elles n'osent pas formuler. Pour parler aussi de leurs attentes, et de la façon dont, collectivement, les femmes peuvent prendre leur destin en main, pour que les choses changent définitivement.Un préjugé aussi solide que confortable prétend que les femmes sont complexes. Peut-être est-ce simplement un complexe de femme ? Est-il le fruit de l'éducation ? De la contrainte sociale ? D'un univers imposé par les hommes ? Oui, tout cela est vrai, des intellectuelles comme Simone de Beauvoir ou Élisabeth Badinter ont voulu le mettre en lumière. Si l'égalité de principe existe, elle ne se vit pas dans les faits. La condition de la femme reste un sujet en devenir. Quarante ans sont passés depuis que la loi a imposé l'égalité salariale, autant d'années pendant lesquelles les femmes se sont émancipées en affirmant quotidiennement leurs compétences.Pourquoi, alors que le cadre légal s'y oppose, le pouvoir, la politique, l'économie, tout ce qui incarne l'exercice de la puissance et de l'action restent entre les mains des hommes ? Pourquoi les modes d'exercice du pouvoir restent impassibles quand les valeurs égalitaires se développent au travers de l'immense tissu associatif et maintenant des réseaux sociaux, diffusant de nouveaux repères ?Peut-être portons-nous notre part de responsabilité. Le tempérament féminin nous pousse parfois à être notre meilleur ennemi, en doutant de notre potentiel, de notre capacité d'agir, de notre légitimité à envisager un futur prometteur. Accepter l'ambition comme une valeur positive et créatrice n'est pas toujours évident pour une femme et il est parfois plus simple de se poser en victime que de s'imposer comme leader ; naturellement par sa différence et son talent. Nous avons toutes nos anecdotes à raconter. Celles de femmes, évoluant dans un monde d'hommes, qui se sont heurtées au plafond de verre, ont supporté les plaisanteries déplacées pour ne pas être exclues du groupe, ont connu la solitude de la différence et le sentiment d'être une imposture dans un univers où, par-delà l'exercice direct de la fonction, les codes et les langages ne sont pas les nôtres. Ou encore des femmes qui n'ont pas eu la promotion qu'elles méritaient parce qu'elles ont cru plus à leurs compétences qu'à la force de l'influence ou des réseaux. Et puis, de belles histoires, celles d'hommes qui ont cru en nous, qui nous ont donné notre chance et permis de montrer de quoi nous étions capables.Dans le débat sur les quotas, c'est bien ce sujet qui est en filigrane. Est-ce un mal nécessaire ou une bonne chose ? C'est surtout indispensable. Parce que ce qui est humiliant, ce n'est pas qu'une loi ou une réglementation vous donne accès à une fonction, c'est que personne ne vous donne la possibilité de montrer ou d'exercer votre talent.C'est ce mouvement porté par de nombreux réseaux de femmes en faveur de la promotion des femmes par les femmes dans l'entreprise, comme InterElles, Terra Femina ou encore Financi'Elles qui va voir le jour le 28 mars, qui est en train de changer la donne, en profondeur dans notre pays. Chez GE, le Women's Network existe depuis vingt ans. Non seulement il nourrit la réflexion et l'action en faveur de la diversité dans le management de l'entreprise, mais il mesure l'efficacité de son action. Dans tous nos déplacements, nous rencontrons le réseau des femmes de GE pour comprendre la situation actuelle dans le pays et décider des actions à entreprendre. Cela demande un travail permanent et une vigilance sans relâche car l'effort retombe vite s'il n'est pas mesuré, évalué, et récompensé d'une façon ou d'une autre. Manager une équipe diverse est plus compliqué et plus difficile. Mais quelle puissance et quelle richesse en retour !Toutes les études le démontrent. Les entreprises les plus performantes sont celles qui ont su construire durablement l'équilibre, au long de la carrière, entre les hommes et les femmes. Des progrès incontestables ont été faits. Reste les dernières citadelles, celles du management suprême, de la direction opérationnelle et fonctionnelle. Ce n'est pas simplement une question de justice, et surtout pas de revanche. C'est l'idée, tellement évidente, que le monde du pouvoir doit ressembler au monde réel, s'il veut être efficace, lucide et performant.La crise crée une nouvelle donne, la nouvelle croissance passe par l'équilibre et l'harmonie, et les femmes et les hommes doivent ensemble en partager la responsabilité.
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