« Quand on permet à un homme de se hisser au sein d'une soci...

« Quand on permet à un homme de se hisser au sein d'une société, on élève un individu. Quand on permet à une femme de jouer un véritable rôle, on élève une nation entière. » Ce proverbe africain est devenu le leitmotiv de Louisa Mojela. En 1994, lors de la naissance de la nation arc-en-ciel, cette Sud-Africaine crée avec trois autres business women le premier fonds d'investissement dont l'objectif est de générer des profits pour les femmes noires. Quinze ans plus tard, devenue PDG de Women Investment Portfolio Holdings Limited (Wiphold), la puissante femme d'affaires assure avec fierté que sa société compte plus de 220.000 bénéficiaires et que son entreprise est détenue à hauteur de 50 % par des Noirs et à 70 % par des femmes.Pour en arriver là, Louisa Mojela a dû faire preuve de persévérance. Née femme et noire dans le régime de l'apartheid, elle n'avait aucun droit et a patiemment gravi les échelons. Après des études de commerce aux États-Unis, cette mère de famille occupe des postes à responsabilité à la Merchant Bank et à la Banque de développement sud-africaine. Bien déterminée à participer à l'émancipation des femmes au sein de la nouvelle Afrique du Sud, elle se lance, après deux ans de réflexion, dans l'aventure Wiphold. « La plupart des hommes d'affaires ne nous prenaient pas au sérieux. Combien de fois ai-je entendu : ?Vous faites quoi dans votre entreprise ? C'est juste un club de femmes pour papoter, une tea party, n'est-ce pas ?? se souvient cette quinquagénaire. Nous avons tenu bon, fait appel à la famille et aux amis pour mettre sur la table les 100.000 dollars, notre capital de départ. »Le but était de libérer les femmes du joug économique de leur mari. L'accès aux banques pour les femmes restait extrêmement limité surtout dans les zones rurales. Avec un accès ouvert dès 600 rands (environ 60 euros), celles qui n'avaient jamais entendu parler d'une action ont commencé à investir. Les dividendes versés, plus de trois fois la mise de départ, leur permettent maintenant d'améliorer leurs revenus et d'être indépendantes économiquement. En 1999, Wiphold devient la première société de femmes à être cotée à la Bourse de Johannesburg.Pourtant, pour Louisa Mojela, ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan. « Je m'assure que les profits réalisés sont satisfaisants pour les actionnaires, mais il s'agit aussi de faire du business responsable », explique l'élégante chef d'entreprise. Au total, 67 millions de rands ont été versés à différentes ONG pour venir en aide aux femmes et aux enfants les plus démunis dans le pays. Son nouveau combat consiste à voir Wiphold faire des émules sur l'ensemble du continent africain. Le fonds est maintenant considéré par de nombreux acteurs internationaux comme un modèle d'innovation dans la problématique de l'émergence d'un pouvoir féminin. « Nous développons donc notre stratégie au Ghana, en Côte d'Ivoire, au Sénégal ou en Zambie. Mon rêve de jeune fille n'a pas changé : voir chaque femme africaine debout, digne et libre. » Sophie Ribstein, à Johannesburg« La plupart des hommes d'affaires ne nous prenaient pas au sérieux »Louisa MojelaPDG de Women Investment Portfolio Holdings Limited (Wiphold)afrique du sud
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.