Submergés de données numériques, musiques, vidéos, images, les réseaux de télécommunications, fixes ou mobiles, sont parfois à la limite de la rupture. Et la situation devrait encore empirer, à en croire toutes les prévisions. Cisco, qui prêche évidemment pour ses équipements, assure que le trafic de l'Internet mobile va plus que doubler chaque année d'ici à 2013. Une prédiction qui inquiète de plus en plus les opérateurs de télécommunications. Car l'explosion du trafic, et donc des investissements nécessaires pour augmenter la capacité du réseau, n'est pas synonyme pour eux de croissance des revenus (voir graphique). Aujourd'hui, si les opérateurs financent le déploiement des réseaux de télécommunications fixe et mobile, 80 % des services qui y transitent sont opérés par des groupes de médias. À lui tout seul, Google représenterait 6 % du trafic mondial. Mais ne contribue pas à l'investissement dans le réseau. Dans le mobile seul, qui connaît les plus forts taux de croissance du trafic, la situation est encore plus problématique. Avec l'iPhone, Apple a exclu les opérateurs d'une très grande partie de la chaîne de valeur, à son profit ou à celui des développeurs d'applications. Selon Nokia Siemens Networks, en 2007, 57 % des Britanniques connectés allaient au moins une fois par an sur le portail de leur opérateur mobile, devant Google, à 44 %. L'an dernier, leur part d'audience est tombée à 22 %. Celle de Google est montée à 82 %.D'où le débat actuel sur la neutralité d'Internet : les gros utilisateurs doivent-ils payer une partie du réseau ? Ne voulant pas devenir de simple « commodités », ou des gestionnaires de tuyaux, les opérateurs répondent oui. Les groupes de médias sont moins convaincus même si certains commencent à infléchir leur position. Amazon.com reverse par exemple aux opérateurs partenaires une partie du prix du livre électronique téléchargé sur son lecteur Kindle afin de rémunérer l'utilisation du réseau.précieuse plate-formeConscient de ce clivage, mais également inquiet des conséquences si plus personne n'investit dans les réseaux de télécoms, Alcatel-Lucent promeut de nouveaux services censés créer un lien entre ces deux mondes. « Il s'agit d'une boîte à outils technologique qui doit permettre à nos clients opérateurs, mais aussi aux développeurs d'applications et de services, d'extraire le maximum d'intelligence du réseau et donc de lui donner plus de valeur », explique Philippe Keryer, directeur exécutif d'Alcatel-Lucent en charge des produits pour les opérateurs.« Les opérateurs de télécoms disposent de données considérables, fiables et authentifiées sur le profil, le comportement ou la localisation de leurs utilisateurs, tout en respectant la protection de la vie privée. Or ils n'ont pas encore valorisé la richesse de toutes ces informations », confirme Alain Gerset, directeur du développement du marché des télécoms chez Capgemini. Des données cruciales notamment pour les groupes de publicité. D'ailleurs, pour reprendre une partie de la valeur confisquée par les groupes de services, certains opérateurs, à l'image d'Orange, se sont lancés dans les médias ou la publicité.Douze sociétés, opérateurs ou développeurs, utilisent déjà la plate-forme de services d'Alcatel-Lucent, dont l'opérateur mobile américain Sprint. Avec l'accord de ses abonnés, Sprint permet à des développeurs d'applications ou de sites Internet d'accéder à sa base de localisation de ses utilisateurs. L'équipementier en télécoms espère convaincre d'autres groupes à ce nouveau dialogue, technologique et économique. « L'ambition d'Alcatel-Lucent est aussi, évidemment, de développer de nouvelles sources de revenus, dans les logiciels, dans la gestion du réseau ou dans les routeurs IP, des secteurs qui présentent déjà les plus fortes croissances de chiffre d'affaires du groupe », reconnaît Philippe Keryer. n Les opérateurs disposent de données considérables et fiables sur leurs utilisateurs qui ne sont pas valorisées.

latribune.fr

08 Déc 2009, 1:44

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