Les investisseurs tournent le dos au capital-investissement

La source de capitaux pour les fonds d'investissement se tarit. Toutes catégories confondues (LBO, capital-risque, immobilier...), l'ensemble des acteurs au niveau mondial ont levé 246 milliards de dollars (171,46 milliards d'euros) en 2009, selon le cabinet Private Equity Intelligence (Preqin). Une somme conséquente, certes, mais qui se révèle très modeste à l'aune des chiffres affichés pendant l'âge d'or du capital-investissement entre 2006 et l'été 2008 (646 milliards de dollars en 2007). En fait, pour retrouver un millésime du même niveau que celui de 2009, il faut remonter à 2004. Encore plus inquiétant, les montants collectés n'ont cessé de décroître tout au long de l'année dernière (72 milliards de dollars au premier trimestre, 35 milliards au quatrième trimestre). Le britannique CVC Capital Partners a levé le plus gros véhicule, attirant près de 11 milliards d'euros. Fait notable, aucun acteur français ne figure parmi les 10 premiers fonds de 2009. Clayton Dubilier & Rice, pour sa part, a terminé sa collecte in extremis en décembre dernier, atteignant péniblement 5 milliards de dollars. Son objectif était de 7,5 milliards. Lendemains difficiles La question est maintenant la suivante : quid de 2010 ? L'année à venir sera-t-elle pire que la précédente ? Preqin promet en tout cas aux fonds des lendemains difficiles. Aujourd'hui, quelque dix-huit mois sont nécessaires aux fonds d'investissement pour mener à bien leurs levées, contre un an en 2007, alors même que leurs objectifs sont moindres qu'auparavant. L'américain Blackstone piétine actuellement pour son sixième fonds, ne parvenant pas à dépasser le cap des 10 milliards de dollars (objectif de 15 milliards). Dans les mois à venir, plusieurs acteurs se lanceront dans cet exercice difficile, comme Barclays Private Equity, BC Partners et EQT. Ces derniers devront se montrer d'autant plus convaincants que les investisseurs, au-delà de leurs difficultés conjoncturelles, sont confrontés à une nouvelle donne structurelle. En effet, le durcissement des règles de solvabilité appliquées aux banques et compagnies d'assurances (Bâle 3 et Solvency 2) rendra plus coûteux en fonds propres leurs investissements dans des fonds. Du coup, le marché sera certainement privé d'une manne très importante de capitaux. Restera, côté institutionnels, les fonds de pension, essentiellement anglo-saxons, mais d'aucuns craignent que ces derniers soient également frappés par les vents dominants de la régulation financière.
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