Gros malaise, mais peu de conflits

Bien sûr, chacun y est allé de son communiqué pour protester contre la remise en cause de la retraite des fonctionnaires. Bien sûr, chacun a dénoncé avec vigueur le projet de décret sur la mobilité des agents de l'État. Sur son site, la Fédération Force ouvrière de la fonction publique a lancé une pétition contre la « RGPP et la loi mobilit頻. Au final, pourtant, la réaction des syndicats de fonctionnaires paraît bien modeste au regard des dossiers chauds qui s'accumulent (lire ci-dessus). Pour le plus grand soulagement de l'exécutif qui, un temps, a craint que les fuites sur le texte sur la mobilité ne soient l'élément déclencheur d'un mouvement de protestation d'ampleur.Plusieurs facteurs expliquent ce calme. « En 2009, il y a eu beaucoup de mobilisations. Et le gouvernement n'a cédé sur rien. C'est vrai que fin 2009-début 2010, nous avons eu une séquence un peu compliquée à gérer, d'autant que les retenues sur salaire pèsent », reconnaît Jean-Marc Canon, secrétaire général de la Fédération CGT de la fonction publique. En outre, l'appel à la grève est plus complexe à manier en période de crise. Alors que les salariés du privé rencontrent de multiples difficultés (licenciements, hausse du chômage, fins de droits...), les revendications des fonctionnaires paraissent moins cruciales.En outre, jusqu'à maintenant, les organisations de fonctionnaires ne sont pas parvenues à s'entendre sur un mot d'ordre et des modalités d'action communes. À l'automne, se sont donc succédé des mouvements très localisés, dans la culture (le musée Pompidou à Paris notamment), les douanes, l'équipement... sans jamais s'agréger. Et l'appel national à la grève du 21 janvier n'a été lancé que par la CGT, la FSU et Solidaires, les autres syndicats ayant considéré que l'objectif était trop flou pour s'y associer. Conséquence, le taux de grève n'a pas dépassé 12 % dans la fonction publique d'État, 5 % dans la territoriale et 3 % dans les hôpitaux.À la faveur du regain d'intérêt dont bénéficient les fonctionnaires dans l'opinion publique (voir sondage ci-contre), les organisations de fonctionnaires vont tenter, ce mardi soir à l'occasion d'une intersyndicale, de relancer le mouvement. En s'appuyant sur les actions que mèneront, dans les prochaines semaines, les confédérations au niveau interprofessionnel autour de la réforme des retraites. Reste à savoir s'il s'agira d'un simple baroud d'honneur qui s'éteindra à la faveur de l'été lorsque la réforme passera au Parlement. Ou si, en s'attaquant au mode de calcul des pensions des fonctionnaires, le gouvernement a attisé un feu qu'il était parvenu jusque-là à circonscrire. Agnès Laurent
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