Les fonds spéculatifs sont critiqués au moment où les obligations grecques redressent la tête

Sous pression depuis mi-octobre, le marché obligataire grec s'est très nettement détendu mardi. Évoluant en sens inverse des prix, le rendement des titres à 1 0 ans grecs a chuté de 36 points de base, à 6,40 %, alors que les 27 dirigeants de l'Union européenne doivent se réunir jeudi et évoquer la détérioration des finances publiques grecques. Lundi, le taux s'était encore envolé de 15 points de base.maillon faible« Le marché spécule sur l'issue du sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'UE », souligne Cyril Julliard, président du fonds de hedge funds Eraam, en référence à l'annonce d'éventuelles mesures de soutien européennes. Après avoir anticipé à l'excès un défaut du pays, le marché semble désormais jouer une fin plus heureuse à la tragédie grecque. Depuis la mi-octobre 2009, le rendement des titres grecs à dix ans s'est tendu jusqu'à 7,16 %, soit 250 points de base, alimentant l'idée d'attaque spéculative contre le pays menée par des hedge funds.« On est dans une psychologie d'attaque de la zone euro par son maillon le plus faible. Si la situation budgétaire des États était vraiment au coeur des inquiétudes des marchés, les États-Unis et le Royaume-Uni seraient dans l'oeil du cyclone », explique Jean-François Robin, stratège taux chez Natixis. « De grands hedge funds anglo-saxons sont clairement en train de spéculer sur le marché des CDS en jouant un défaut de la Grèce. Ce marché a l'avantage d'être plus facilement manipulable, car il est peu liquide », ajoute-t-il. Sur le marché des CDS, le contrat assurant contre un défaut de paiement de la Grèce chutait de 30 points de base, à 391 points, soit près du double d'un contrat sur les Philippines. Selon le service de règlement-livraison et compensation américain, le montant brut et le nombre de contrats CDS sur la Grèce ont plus que doublé sur un an, à respectivement 76,6 milliards de dollars et 3.136 contrats.Ces mouvements ont conduit les dirigeants de la Grèce, mais aussi de l'Espagne et du Portugal, deux États aussi contaminés par les attaques du marché, à dénoncer la spéculation. Le rapporteur européen de la directive AIFM, Jean-Paul Gauzès, a de son côté promis d'appliquer « un encadrement des ventes à découvert au niveau des fonds alternatifs », qui permettent de spéculer à la baisse sur un titre. « Les hedge funds ne sont pas responsables de cette situation. En revanche, il est fort probable qu'ils l'ont déclenchée, car ils appuient là où ça fait mal. On a transféré aux États le surendettement de l'économie apparu avec la crise de 2007. On ne spécule plus sur les banques mais sur les États », lance Cyril Julliard. Julien Beauvieux
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