La croissance menacée par la crise grecque

Petit problème, grands effets. En 2008, le lâchage de la banque Lehman Brothers avait entraîné la pire crise financière mondiale depuis celle de 1929. En 2010, les déboires de la Grèce font craindre le même risque systémique, comme en témoigne la panique qui a saisi les marchés boursiers à travers la planète la semaine dernière. De fait, il y a eu une erreur d'appréciation sur la Grèce, un pays qui ne représente que 2 % du PIB européen. Sa corruption endémique, son évasion fiscale et sa manipulation des statistiques, qui l'ont conduite à une situation de quasi-faillite, ont été amplement soulignées. Mais la vision morale consistant à vouloir punir ce pays avec des mesures d'une sévérité sans précédent (réduction du déficit de 4 points en un an...) pourrait avoir l'effet contraire escompté en tuant dans l'oeuf toute reprise de l'économie - une contraction de 5 % est prévue cette année. Or, le problème de la Grèce est celui de la zone euro grossi à la loupe. Espagnols, Portugais et Irlandais ont déjà vu leurs taux à 10 ans fortement augmenter ces derniers temps. Chez eux aussi, la cure d'austérité qu'ils vont s'infliger risque de brider leur croissance, ce qui rendra plus difficile la réduction de la dette. L'augmentation de cette dernière dans nombre de pays du fait des plans de relance et des sauvetages des banques ne se justifiait que par l'attente que les investissements privés prennent le relais des États. C'est ce qui se passe chez les grands émergents, Chine (+ 9,9 % en 2010) et Brésil (+ 5,7 %) et plus timidement aux États-Unis (+ 3,1 %). En revanche, ce n'est pas le cas de la zone euro, dont le PIB devrait croître de 1,1 % cette année, avec une dette souveraine qui devrait représenter 97 % du PIB en 2010 et 104 % en 2011. Or, l'histoire économique montre que lorsque le ratio dette/PIB est supérieur à 90 %, la croissance s'en trouve affectée négativement. À cela s'ajoute le manque d'unité flagrant de la zone euro qui fait douter de la viabilité de son projet, et de sa monnaie unique. Surtout, cette atonie européenne pourrait plomber l'économie mondiale, pour laquelle le FMI annonçait une progression de 4,25 % en 2010. Car, faut-il le souligner, l'Union européenne représente 28 % du PIB mondial. Si l'UE et son coeur la zone euro dérapent, la planète en subira les conséquences. Le problème grec est bien international. Robert Jule
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