Réforme des retraites : la contestation en 2013 n'est pas la même qu'en 2010

Demain mardi 10 septembre, les syndicats CGT, FO, FSU et Solidaires appellent les salariés du public, du privé et les retraités à se mobiliser contre la réforme Ayrault des retraites dévoilée fin août. Ce mouvement est rejoint par le collectif « La retraite, une affaire de jeunes », qui regroupe des associations de jeunesse dont l\'Unef (étudiants) et les Jeunesses communistes.>> Lire aussi : Même les jeunes (futurs retraités) défileront dans la rue le 10 septembreDu côté politique, cette action est notamment soutenue par le Front de gauche. Selon la CGT, plus de 180 défilés sont déjà prévus dans la France entière, même si le syndicat est bien conscient qu\'il ne « mettra pas des millions de gens dans la rue » pour cette première journée. Des perturbations sont cependant à attendre, notamment dans les transports collectifs. Des syndicats divisésIl n\'en reste pas moins que l\'on ne sent pas souffler actuellement le même vent de mécontentement qu\'en 2010, lorsque le ministre du Travail Eric Woerth (UMP) avait présenté sa réforme relevant de 60 à 62 ans l\'âge légal pour prendre sa retraite. Dès mars 2010, les huit principaux syndicats français (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, Solidaires et la FSU) ont dit « non » à cette réforme, formant même une intersyndicale (FO fera pourtant un peu bande à part). Tout de suite, les huit organisations ont demandé le retrait du texte. Et les premières « manifs » organisées le 23 mars avaient rassemblé 800.000 personnes selon la CGT et 395.000 selon le ministère de l\'Intérieur.>> Lire aussi : Les syndicats en partie opposés à la nouvelle réforme des retraitesEn cette rentrée 2013, la donne est un peu différente. Le front syndical est divisé. Les organisations, CFDT, CFTC, CFE-CGC et Unsa, n\'appellent pas à descendre dans la rue. Certes, elle ne sont pas satisfaites de la totalité du texte. Mais, comme l\'a expliqué Laurent Berger, le numéro 1 de la CFDT, elles comptent pouvoir le modifier en suggérant des amendements lors de la discussion parlementaire qui débutera en octobre.La CGT ne demande pas l\'annulation de la réforme AyraultAutres différence avec 2010, la CGT, bien qu\'opposée à la réforme Ayrault, ne demande pas l\'annulation de la réforme mais simplement des modifications. Elle refuse notamment l\'allongement progressif à 43 ans de la durée nécessaire de cotisation et souhaite que soient repensés les modes de financement des régime des retraites, via, notamment, une taxation plus importante du capital et des revenus financiers. Enfin, à la différence de 2010, le projet socialiste sur les retraites prend soin de ne pas s\'attaquer au très symbolique âge de départ à la retraite. Celui-ci reste, sur le papier du moins, fixé à 62 ans. En 2010, la réforme Woerth/Sarkozy avait touché à ce totem, en remontant l\'âge de la retraite de 60 à 62 ans. Or, Nicolas Sarkozy n\'avait pas formellement parlé d\'un relèvement de l\'âge du départ à la retraite durant sa campagne électorale de 2007… Un motif d\'énervement supplémentaire pour les syndicats.La réforme Ayrault \"tolérée\" par les sympathisants de gaucheAutre différence de taille entre 2013 et 2010 : les « soutiens » apportés à la réforme. Certes, comme en 2010, tous les sondages publiés ces derniers jours montrent que les Français sont globalement majoritairement opposés aux préconisations Ayrault. Mais quand l\'on regarde dans le détail, notamment le dernier sondage BVA, on remarque que les « sympathisants de gauche » sont environ 6 sur 10 à trouver « juste » la nouvelle réforme. Or c\'est essentiellement ce public qui est normalement le plus apte à participer à des manifestations. D\'ailleurs, en 2010, les gros bataillons des militants PS étaient dans la rue, sa Première secrétaire Martine Aubry en tête. Cette année, on n\'imagine pas l\'UMP appeler à manifester derrière les syndicalistes !C\'est toute l\'astuce du Premier ministre d\'avoir glissé dans son projet des sujets « de gauche », comme la prise en compte de la pénibilité ou la réduction des inégalités dont souffrent les femmes face à la retraite.>> Lire aussi : Retraites, le projet sur la pénibilité fait hurler le patronatEn réalité, cette journée du 10 septembre va surtout permettre aux syndicats de tester l\'état de mobilisation du pays. Même si Solidaires (les syndicats Sud) entretient la flamme en espérant que « ce doit être le début d\'un processus de mobilisation sociale et citoyenne pour mettre un coup d\'arrêt à cette nouvelle attaque de nos droits à la retraite ».Ceci dit, le gouvernement ne doit surtout pas crier victoire. Sans résultats probants sur le front économique, le mécontentement se traduira dans les urnes… à défaut de s\'exprimer dans la rue.Pour aller plus loin : >>  Les 12 mesures phares du projet de réforme des retraites 
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