Bio Fuel Systems transforme le CO2 en biopétrole

Du plomb en or. C'est ce qu'a fait Bio Fuel Systems (BFS) en mettant au point un procédé de conversion accélérée du CO2 en biopétrole, comparable au pétrole fossile, agréé comme carburant et pouvant servir à fabriquer des plastiques, des solvants, etc. Il a fallu cinq ans à BFS pour mettre au point son procédé et déposer 22 brevets. Fin janvier, la société, créée en Espagne par un Français expatrié, démarrera la production de biocarburant dans son unité pilote d'Alicante.Il s'agit de capter le CO2 émis par les industries polluantes et d'en nourrir des micro-algues placées dans des tubes verticaux exposés à la lumière pour favoriser la photosynthèse. Le nombre de ces micro-algues, sélectionnées avec l'aide des universités de Valence et d'Alicante pour leurs caractéristiques, double en vingt-quatre heures. Chaque jour, la moitié des tubes est prélevée et centrifugée. La pâte produite contient 2 % à 3 % de nutriments à valeur ajoutée, extraits pour être exploités, et 97 % de biomasse, transformée en biopétrole par cracking à haute température, haute pression et sans oxygène.Un baril à 30 dollars Dans ce procédé, 2,2 tonnes de CO2 permettent de produire un baril de biocarburant et le procédé lui-même émet 1,260 tonne de CO2. « La production d'un baril neutralise donc 940 kg de CO2 », explique le directeur associé de BFS France, Pierre Baros. « Sur 100 kilomètres, une voiture de 135 chevaux roulant au biopétrole neutralisera 49 kg de CO2 alors qu'elle en émettra 19 kg avec du pétrole fossile ». BFS évalue la production d'un baril à 30 dollars mais entend le vendre au prix du pétrole fossile pour financer les investissements nécessaires à la création de ses usines.L'unité d'Alicante occupe 11 hectares, soit 20 terrains de football, sur le site de la cimenterie Cemex. Elle absorbera 130.000 tonnes de CO2 pour produire 60.000 barils de biopétrole et 400 tonnes de nutriments par an. Une tonne de nutriments de type Oméga 3, à titre d'exemple, vaut actuellement 100.000 euros sur le marché. Il faudrait une surface égale à cinq fois la Sardaigne pour produire 85 millions de barils par jour, la consommation mondiale de pétrole », ajoute Pierre Baros.Financé par des capitaux privés, BFS a déjà signé deux autres unités, à Madère (Portugal) pour une centrale électrique de 10 mégawatts (MW) et à Venise pour une centrale de 40 MW. « Nous visons 6 à 8 unités signées et en fabrication dans les trois ans », conclut Pierre Baros. BFS imagine déjà poser ses tubes en façade d'un bâtiment pour recycler le CO2 émis par le bâtiment lui-même...Pour Lafarge, qui a mené des tests avec son partenaire allemand Salata sur l'un de ses sites, le bilan global du processus sur les plans de l'énergie et du CO2 n'est pas satisfaisant et au moins dix années de recherche seront encore nécessaires pour améliorer ce bilan. « C'est le procesus qui doit évoluer, car nous ne travaillons qu'avec des algues présentes à l'état naturel à proximité de nos sites, précise le directeur R&D groupe, Pascal Casanova. Pas question de contaminer l'environnement avec une espèce importée. » À cette condition, il se dit prêt à examiner des solutions clés en main qui seraient satisfaisantes sur les plans économique et énergétique.
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