« De nombreuses études pointent l'effet négatif sur l'emploi des hausses continues du Smic »

STRONG>Le président peut-il à la fois prétendre relancer l'emploi et le pouvoir d'achat des Français ? En particulier, dans le contexte budgétaire de la France ? S'il s'agit de réformer l'économie pour accroître son potentiel de croissance, ces deux objectifs sont parfaitement complémentaires : si l'économie crée des emplois, les Français travailleront plus, gagneront plus, et l'on pourra mécaniquement redistribuer du pouvoir d'achat. Mais cette action là s'inscrit dans la durée, ce qui n'est pas l'horizon de temps d'un président qui cherche à se faire réélire dans quinze mois.Est-ce que justement le recours aux emplois aidés n'est pas la solution qui concilie les deux ? Si le contrat aidé consiste à investir dans la formation des jeunes au sein des entreprises privées, comme une sorte de contrat de profesionnalisation, cela peut contribuer à leur insertion, et rendre compatible les deux objectifs que vous citez. En revanche, s'il ne s'agit que de mettre au travail rapidement des jeunes dans des associations ou dans le secteur public, pour les sortir des chiffres du chômage, cela n'a aucun effet sur leur insertion. Le seul résultat tangible est alors que cela creuse le déficit de l'État. Que peut-il donc faire dans un horizon aussi court ? En théorie, il a le pouvoir de donner un coup de pouce au Smic, d'augmenter les allocations familiales, l'assurance chômage, le RSA, voire de consentir quelques cadeaux fiscaux qui flatteraient une partie de l'électorat. Seulement, vu notre déficit, le plus petit cadeau conduirait à une ponction sur les actifs ou sur d'autres contribuables, sans profiter à l'activité. Ce serait donc dangereux pour l'emploi. De nombreuses études ont montré l'effet négatif sur l'emploi des hausses continues du Smic. Elles ont aussi montré que la perte de compétitivité de la France vient de la qualité de son offre et de ses coûts du travail. Des problèmes structurels qui ne se règlent pas en quelques mois.André Zylberberg, directeur de recherche au CNRS et co-auteur avec Pierre Cahuc de « Les réformes ratées du président Sarkozy » (Flammarion 2009)
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