Angela Merkel fragilisée par l'affaire Weber

L'intervention d'Axel Weber à Vienne devant le forum économique austro-allemand jeudi était très attendue. Moins à cause de son contenu que parce qu'il s'agissait de la première apparition publique du président de la Bundesbank après l'annonce officieuse de sa décision de ne solliciter ni un nouveau mandat à la tête de la banque centrale allemande ni la présidence de la Banque centrale européenne (BCE). D'emblée, il a indiqué qu'il ne dira rien. « J'ai promis à la chancelière de ne pas m'exprimer en public jusqu'à ce que nous ayons une nouvelle discussion. Nous prendrons ensemble les décisions nécessaires. » Désormais, le président de la Buba va se faire discret : il a déjà annulé sa participation ce vendredi au Conseil économique et financier franco-allemand. Car la décision d'Axel Weber a été unanimement perçue outre-Rhin comme une défaite pour la chancelière. Angela Merkel avait en effet fait de nombreuses concessions, lors de la composition de la nouvelle Commission européenne comme lors de la crise de la dette européenne, pour assurer l'accession de son poulain à la tête de la BCE en novembre. Mais, elle n'a pas voulu aller jusqu'au conflit avec Paris pour l'imposer. Une nouvelle fois, sa tactique dilatoire la fragilise, tant au niveau européen, où elle va devoir définir une nouvelle ligne de conduite concernant la direction de la BCE, qu'au niveau national. « Madame Merkel a fait chou blanc », remarquait jeudi la « Frankfurter Allgemeine Zeitung » tandis que le « Financial Times Deutschland » parlait, lui, d'un « affront ».PolémiquePar ailleurs, l'avenir profes-sionnel d'Axel Weber pourrait poser un problème supplémentaire à la chancelière. On évoque en effet de plus en plus à Francfort la possibilité d'une arrivée d'Axel Weber à la Deutsche Bank pour diriger les activités allemandes avant de prendre en 2013 la direction du premier groupe financier du pays. Mais Axel Weber, en tant que président de la Bundesbank, est chargé de la supervision bancaire et est donc au fait de plusieurs données sensibles sur les concurrents de la Deutsche Bank. Angela Merkel peut-elle accepter un tel conflit d'intérêt ? Doit-elle, comme le réclame les Libéraux, s'en remettre à la « responsabilité » d'Axel Weber ou, comme le veut son parti, la CDU, lui imposer un délai de carence ? Ce dernier choix permettrait d'éviter que la polémique enfle. Dans ce cas, il y a fort à parier qu'Axel Weber quitte rapidement, la Buba sans attendre la fin officielle de son mandat en avril 2012. Le favori pour lui succéder serait alors Jens Weidmann, 42 ans, conseiller économique d'Angela Merkel depuis 2006.
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