Total renoue avec des bénéfices record comme toutes les majors

L'effet est quasi mécanique. Les bénéfices des majors pétrolières épousent les records du brut. Selon les consensus d'analystes, Total devrait annoncer aujourd'hui un bénéfice de plus de 10 milliards d'euros pour son exercice 2010, en hausse d'au moins 30 % par rapport aux 7,8 milliards engrangés en 2009. Mais encore loin des 14 milliards de bénéfices enregistrés en 2008, lorsque le baril avait atteint des sommets et tutoyé les 150 dollars. Logique pour une compagnie dont le résultat repose à 84 % sur l'exploration et la production d'hydrocarbures (amont), dont les profits dépendent directement du prix du brut. À 79,44 dollars en moyenne en 2010, le baril de brent de la mer du Nord s'est échangé 29 % plus cher qu'en 2009.Les autres majors ont vu en 2010 leurs bénéfices faire des bonds encore plus importants par rapport à 2009, où l'effondrement du prix du gaz aux États-Unis les avait touchés de plein fouet : + 58 % pour ExxonMobil, premier pétrolier mondial (30,5 milliards de dollars, en retrait par rapport au record de 45 milliards en 2008) ; + 61 % pour Shell (20 milliards de dollars) ; + 81 % pour Chevron (19 milliards de dollars). L'effet de base joue moins pour Total qui avait amorti, dans ses résultats, la baisse des prix du brut en 2009 grâce à ses coûts de production plus serrés. Une exception notable à ce chapelet de records : BP a enregistré l'an dernier sa première perte depuis 1982 (? 4,9 milliards de dollars) en raison de la marée noire dans le golfe du Mexique, qui lui a coûté plus de 40 milliards.Les majors ne se contentent pas, cependant, d'engranger la répercussion du prix du baril dans leurs bénéfices. Elles se dépêchent d'augmenter leurs productions pour profiter à plein du fort niveau du brut qui devrait se maintenir à long terme. Les bénéfices de Shell et d'Exxon ont progressé deux fois plus que leurs chiffres d'affaires en 2010. La première a extrait 5 % d'hydrocarbures supplémentaires l'an dernier. Elle table sur une progression de 11 % entre 2009 et 2012, ce qui lui permettrait de faire bondir son cash-flow de 50 à 80 %, explique le groupe anglo-néerlandais. Exxon a en outre réussi le tour de force de doubler les profits de ses activités raffinage et distribution de carburant, qui souffrent chez presque tous ses concurrents.Malgré les grèves de l'automne, qui lui ont coûté entre 130 et 150 millions d'euros, le raffinage de Total devrait mieux s'en sortir qu'en 2009. Le pétrolier tablait sur des pertes de 600 millions en 2010 contre 1 milliard d'euros l'année précédente. Il demeure que, dans le raffinage et la distribution, la compagnie française « devrait être celle qui s'est le plus mal portée », selon les analystes de Jefferies. Marie-Caroline Lopez
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