Un sommet européen sous la pression des marchés

Prévu de longue date, le sommet des chefs d'État et de gouvernement de la zone euro qui se tient ce soir ne se déroulera pas dans l'atmosphère de volontarisme politique et de détente sur les marchés financiers qui prévalait en début d'année. Dédié à la refonte de la coordination économique et budgétaire au sein de la zone euro, ainsi qu'à l'élaboration d'une solution « globale » à la crise de la dette qui agite l'Union depuis près d'un an, la réunion intervient au contraire en plein regain de tensions. Ces dernières semaines, l'Allemagne et, plus récemment, l'Autriche et la Finlande ont réitéré leur intransigeance concernant les efforts en termes de compétitivité et d'orthodoxie budgétaire attendus de tous les membres de la zone euro, et en particulier des pays en difficulté, pour qu'ils bénéficient en retour de leur soutien.Catalysées par ces dissensions et la dégradation cette semaine des notations financières de la Grèce et de l'Espagne, les tensions sur les marchés obligataires sont revenues sur le devant de la scène. Les taux à long terme des obligations grecques, irlandaises, portugaises et espagnoles atteignent de nouveaux sommets depuis la création de l'euro. Si l'Espagne arrive encore à émettre de la dette à long terme à des coûts soutenables pour se refinancer, la Grèce et l'Irlande en sont incapables depuis leur sauvetage, et dépendent des prêts octroyés par l'UE et le FMI. Considéré depuis plusieurs mois comme le prochain pays à demander un soutien, le Portugal continue, lui, à lutter pour conserver son indépendance. Et ce, malgré des taux qui oscillent désormais entre 6,30 % et 7,70 % sur les maturités longues et qui, de l'aveu même du secrétaire au Trésor portugais, « ne sont pas soutenables à long terme », mais « supportables pour le moment ».Solution « globale »Les dirigeants européens sont donc attendus au tournant. La réunion de vendredi préparera celle des 24 et 25 mars prochains, et une solution « globale » pour assurer la cohésion économique et la pérennité de la zone euro doit être arrêtée avant la fin mars. Concernant le futur Mécanisme européen de stabilité financière (MES), destiné à prendre en 2013 la relève du fonds de soutien (FESF), ses contours et sa mission font encore débat. Les premières déclarations européennes sur le sujet avaient précipité à l'automne la chute de l'Irlande, en raison des inquiétudes des investisseurs sur les futures pertes potentielles liées à des restructurations de dette ordonnées. « Les autorités politiques doivent trouver un cadre légal pour un mécanisme de solidarité durable sans favoriser l'aléa moral et récompenser les cigales », résume Nicolas Forest, stratégiste taux chez Dexia AM. Posé par Berlin comme un préalable aux négociations sur le MES, le Pacte de compétitivité franco-allemand a déjà été vidé de sa substance. Sa version édulcorée, « le pacte pour l'euro », sera au menu des débats. « Ce volet n'apporte aucune réponse aux tensions actuelles et les marchés anticipent des annonces décevantes », regrette Cyril Regnat, stratégiste taux chez Natixis.Le principal point de crispation actuel concerne en effet le devenir de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal. « L'allongement des maturités et des taux des prêts concédés à la Grèce et à l'Irlande devrait calmer les tensions car cela donnerait de l'air aux deux pays et faciliterait leurs mesures d'ajustements budgétaires », souligne Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC. Outre ces aménagements, les pays « périphériques » souhaiteraient également que le fonds de stabilité et son remplaçant puissent racheter des titres de dette directement sur le marché, et voir sa capacité financière augmentée, pour contrer la spéculation et offrir aux pays surendettés un levier pour racheter leur dette décotée. Mais l'Allemagne traîne des pieds.
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