France Télécom tente d'apaiser ses salariés

Dans quelques jours, les salariés de France Télécome;lécom recevront une lettre signée de leur président, Didier Lombard. Un courrier personnel destiné à apaiser les tensions mises au jour par l'accumulation ces derniers mois de suicides au sein de l'opérateur en télécoms. Cet été, quatre salariés du groupe se sont donné la mort, portant à 22 le nombre de suicides depuis début 2008. Une situation devenue encore plus critique mercredi avec la tentative de suicide d'un technicien du centre d'intervention de Troyes. Désigné d'office pour intégrer une unité grand public, l'homme s'est donné des coups de couteau au ventre devant ses collègues en pleine réunion. La personne est hors de danger et devrait rester hospitalisée une bonne semaine. « Un degré supplémentaire dans la violence », selon Claude Thirion, délégué CFDT.Hier, après la tenue du comité national d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CNHSCT), dans un climat « d'émotion mais constructif », selon Olivier Barberot, DRH de l'opérateur télécoms, la direction du groupe a annoncé plusieurs mesures destinées à enrayer la dégradation du climat. La plus spectaculaire : la suspension des mobilités géographiques et opérationnelles de personnes jusqu'au 31 octobre. Pas question cependant de revenir sur des mutations. Mais selon la direction, ce délai doit permettre de « réexaminer les conditions de leur mise en ?uvre ».état des lieuxAutres mesures annoncées hier : la réalisation d'un état des lieux pour la fin novembre ; l'ouverture de négociations avec les partenaires sociaux afin de décliner dans le groupe l'accord national interprofessionnel sur le stress, travaux placés sous la direction du psychiatre Éric Albert, directeur de l'Institut français d'action sur le stress ; l'augmentation des effectifs et des moyens des équipes de médecine du travail ; et enfin un renforcement de près de 100 personnes (une hausse de 13 %) des équipes de ressources humaines.Selon la direction de France Télécome;lécom, 28 suicides avaient été enregistrés parmi les salariés en 2000, 29 en 2002 et 12 en 2008. Des chiffres qui correspondent aux statistiques nationales. Dans le cadre de la Journée mondiale de prévention du suicide ce jeudi, l'Inserm a communiqué hier une étude sur ce phénomène. En 2007, 10.122 personnes se sont données la mort contre 10.415 un an plus tôt.Mais pour les syndicats du groupe, ainsi que pour les médecins du travail, c'est la restructuration qui frappe les salariés de l'opérateur qui est à l'origine de ce stress. Passé d'une société publique, France Télécome;lécom, à un groupe privé, Orange, l'opérateur a fortement réduit ses effectifs ces dernières années. En six ans, le groupe a supprimé 40.000 postes en France.Olivier Barberot a expliqué hier que le caractère extrêmement concurrentiel du secteur peut expliquer ce stress. Mais le DRH a reconnu aussi des « maladresses » et a indiqué que le groupe veillerait à une meilleure formation de ses managers. Vingt mille cadres seront ainsi sensibilisés à la détection « des signaux faibles ». Six mille d'entre eux avaient déjà été formés en un an. Enfin, la direction d'Orange s'est engagée à étudier les cas difficiles, afin notamment de trouver des solutions plus performantes en termes de rémunération ou de formation.
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