La crainte d'un nouveau « credit crunch » pousse les entreprises à se refinancer

Les banques et leurs actionnaires ne sont pas les seuls à s'inquiéter des conséquences du relèvement attendu des exigences de capital lié à la réforme du cadre prudentiel, dite « Bâle 3 », et des risques liés à la crise de la dette souveraine en Europe. Redoutant que ce contexte chargé ne pousse les banques à restreindre leur offre de crédit (comme elles l'avaient fait après la faillite de Lehman Brothers mi-septembre 2008), les entreprises européennes prennent les devants. Selon les données compilées par l'agence Bloomberg, la production de crédit à destination des sociétés non financières a atteint 132 milliards d'euros en Europe au deuxième trimestre 2010, un niveau qui n'avait plus été observé depuis la fin 2008. Les trois quarts de ce volume correspondent à des refinancements de lignes de crédit existantes, précise Bloomberg.BAisse des primes de risque« Les banques commencent à se préoccuper davantage des conditions de marché et de l'impact de Bâle 3 », explique Olivier Casanova, directeur financement et trésorerie du groupe PSA Peugeot-Citroën, qui a décidé de refinancer dès maintenant une ligne de 2,4 milliards d'euros à échéance mars 2011. « Nous avons voulu la renouveler en avance parce que nous sommes prudents et conscients que les conditions de marché sont instables, ajoute-t-il. Autant s'en occuper dès maintenant pour éviter de se retrouver coincé. » De fait, « beaucoup d'entreprises très bien notées ont des crédits à marge très faible qui arrivent à maturité en 2011 et 2012, et qu'elles refinancent par anticipation », confirme Jean-François Balaÿ, le responsable mondial de la syndication chez Crédit Agricolegricole CIB, qui s'est classée troisième dans ce domaine au niveau européen entre avril et juin, derrière BNP Paribas et Barclays Capital. Les conditions de marché sont en effet favorables, avec des primes de risque [l'écart entre le taux accordé à l'emprunteur et le « taux sans risque » du marché monétaire, Ndlr] qui ont baissé d'environ un tiers depuis un an pour les sociétés bien notées. Iberdrola, le géant espagnol de l'énergie noté A3 par Moody's, espère même réduire son coût de financement de moitié en refinançant un prêt de 2 milliards obtenu en février 2009, au moment où les banques étaient les plus réticentes à prêter. B. J.
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