Télécoms : se protéger face à l'invasion chinoise ?

Nous nous sommes tous habitués, avec une certaine complaisance, à préférer des produits fabriqués en Chine, d'abord parce qu'ils sont moins chers. En ce sens, le consommateur moyen qui achète son tee-shirt ou sa moulinette électrique « made in China » est animé des mêmes motivations que l'acheteur de ce grand groupe automobile français qui va, explicitement, imposer à ses sous-traitants la fabrication de certains éléments de produits industriels dans des pays « low-cost ». Ce qui est vrai dans l'industrie l'est aussi devenu, et de façon extrêmement préoccupante, dans le domaine des services de télécommunications et de l'Internet où nos grands opérateurs nationaux et européens ont une fâcheuse tendance à préférer les produits d'équipementiers de télécommunications chinois, dont les prix, il est vrai, sont inférieurs d'environ 30 % à ceux de nos champions européens. Le tout, avec un niveau de performance, de qualité et de service sensiblement équivalent. Pas compliqué de faire moins cher pour aussi bien, en l'absence de toute contrainte sociale et environnementale avec, de plus, un yuan artificiellement sous-évalué !Or qui s'en soucie ? Pas grand monde, à l'exception, bien sûr, des concurrents des marques chinoises qui soupirent plus qu'ils ne se désespèrent, trouvant une significative consolation dans les parts de marché que le gouvernement chinois a bien voulu leur concéder sur son territoire. Car n'oublions pas que la Chine reste un authentique pays communiste où le pouvoir est omniprésent. Et l'Internet n'y échappe pas ! Comme en témoigne, s'il en était encore besoin, la posture de la censure chinoise vis-à-vis d'Internet. Et si le mirobolant marché chinois des télécommunications a été ouvert à quelques-uns de nos grands champions européens, ce n'est pas par la volonté de promouvoir le libre-échangisme, mais pour s'assurer la complaisance des acteurs industriels impactés par le raz-de-marée chinois sur nos infrastructures télécoms. Cette complaisance n'est bien sûr pas le seul fait des concurrents de Huawei et autres ZTE, mais aussi des actionnaires de nos grands opérateurs eux-mêmes, clients de ces conglomérats, qui voient ainsi le moyen d'augmenter leurs profits. Sans oublier l'État qui en profite au passage en prélevant de multiples taxes, et qui font des opérateurs télécoms de magnifiques laitières.Seulement, ce que nous avons oublié, c'est que nos systèmes de télécommunications ne sont pas des équipements de loisirs mais sont devenus le système nerveux de toute notre organisation économique et sociale : paiements en ligne, échanges de données personnelles et stratégiques... l'Internet est maintenant partout. Les équipements chinois dotant les infrastructures réseau qui le supportent, aussi.Or, qui sait qui sont ces équipementiers chinois ? Qui en détient le capital ? Comment expliquer qu'aucun de leurs comptes ne soit publié ? Qui finance les lignes de crédit faramineuses accordées à leurs clients ou leurs ventes à perte ? Comment expliquer que le gouvernement chinois fasse de l'industrie des télécommunications l'une de ses priorités stratégiques, jusqu'à envoyer son vice-Premier ministre Zhang Dejiang en Grèce pour signer, entre autres, un contrat avec l'opérateur grec OTE ? Les Américains, eux, n'hésitent pas à fermer la porte à toute tentative de pénétration de marchés ou de systèmes qu'ils considèrent comme stratégiques, même quand il s'agit de faire des économies. Mais en Europe, où nous avons pris l'habitude d'ouvrir nos portes à nos partenaires communautaires, nous les laissons grandes ouvertes, sans discernement. Ne serions-nous pas en train, par cupidité et laxisme, de faire entrer le loup dans la bergerie ? « Pas de risque ! » répondent les opérateurs concernés. « Jamais nous ne laisserons les équipements chinois pénétrer nos coeurs de réseaux ! » Le temps n'est-il pas venu que nos politiques considèrent enfin nos entreprises de télécommunications comme des activités stratégiques ? À l'heure de la société de l'information, la domination du monde peut s'effectuer autrement que par les armes, comme l'avait bien compris Sun Tzu : « L'art de la guerre, c'est de soumettre l'ennemi sans combat. » nPoint de vue Jacques MArceau Président d'Aromates, agence de relations publique
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