Les analystes se montrent trop confiants sur les profits européens

Dans l'attente des premières salves de résultats semestriels, les analystes ont décidé de ne plus toucher à leur tableur. D'après les données Factset, les anticipations de profits des entreprises du DJ Stoxx 600 pour 2010 ont été abaissées de 0,1 %. Autant dire presque rien. La raison est simple. En l'espace de sept mois, le consensus a relevé de plus de 10 points ses projections. De 25,1 % début janvier, le taux de croissance des profits attendus atteint désormais 37,3 %. Hors prise en compte du secteur financier, la donne ne change pas beaucoup. Les bénéfices sont désormais censés progresser de 37,9 % au lieu des 24 % initalement prévu sept mois plus tôt. Pour Pierre Sabatier, stratégiste chez Prime View, le risque de voir les anaystes corriger le tir à la baisse pour 2010 à l'issue des comptes du premier semestre demeure relativement faible. Selon lui, la menace de voir poindre des mauvaises nouvelles concerne plutôt l'année 2011 à partir de laquelle « la macroéonomie est susceptible de rattraper la microéconomie ». Dans ce contexte, le bond espéré de 18,9% des profits des sociétés cotées européennes l'an prochain est manifestement trop élevé. Scénario noirUne fois n'est pas coutume, un fossé sépare les spécialistes de la prospective financière et les investisseurs. Comme le souligne Pierre Sabatier, les premiers tablent sur une croissance moyenne annuelle des bénéfices de 12,4% entre 2011 et 2013. Et cela alors qu'aux cours actuels, le marché intégrerait, pour la même période, une décroissance de 2,3 % par an des résultats. « Pour justifier les cours actuels, il faudrait anticiper un scénario noir, dans lequel les sociétés de la zone ne retrouveraient leurs niveaux nominaux de bénéfices 2007 (inflation comprise) qu'en 2016, et leurs niveaux réels de bénéfices 2007 qu'en 2028 », note de son côté Bertrand Jacquillat, président d'Associés en Finance. Comme cela avait été le cas en mars 2009, les opérateurs ont une fâcheuse tendance à prendre le parti du pire en période troublée. D'après Pierre Sabatier, la vérité se situe entre les deux. L'expert table plutôt sur un scénario combinant déflation et croissance molle, et sur une variation des résultats comprise entre 0 et 5 % pour 2011. Il considère donc que le marché pêche par excès de pessimisme et que les niveaux de valorisations actuels constituent un point d'entrée intéressant. La teneur du discours des dirigeants lors des prochaines réunions semestrielles permettra de trancher. Fabio Marquetty
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