Vodafone rudoyé sur son propre marché

Le symbole est amer pour Vodafone. Le leader mondial de la téléphonie mobile (en chiffre d'affaires) risque de devenir seulement numéro trois sur le marché britannique, son pays d'origine, si la fusion annoncée mardi entre Orange et T-Mobile (propriété de Deutsche Telekom) aboutit (voir graphique). « Psychologiquement, c'est dur », souligne Ben Wood, analyste à CCS Insight, une entreprise de consultants en téléphonie mobile.Le groupe, qui était historiquement la première entreprise de téléphonie mobile en Grande-Bretagne, souffre sur son propre marché depuis plusieurs années. Entre mars et juin, son chiffre d'affaires y a reculé de 4,7 %, accélérant la baisse enregistrée en 2008. « Vodafone s'est trompé sur la loyauté de ses clients, et proposait des prix qui n'étaient pas compétitifs », analyse Ben Wood. C'est ainsi que 02 (propriété de Telefonica) est devenu le leader du marché. La marque tente de se relancer depuis quelques mois. Cet été, elle proposait à ses clients un « roaming » (surcoût pour les appels reçus ou passés de l'étranger) gratuit. Dans les semaines qui viennent, elle devrait présenter une nouvelle offre concernant l'Internet mobile. Mais la fusion entre deux de ses principaux concurrents met cette stratégie sous pression.Comment Vodafone peut-il réagir ? Une possibilité est de faire une contre-offre sur T-Mobile, d'autant que des négociations ont eu lieu dans ce sens pendant l'été. Mais les analystes estiment que c'est peu probable. Une autre solution serait une acquisition de 3, un petit opérateur qui a 6 millions de clients. Sa maison mère, Hutchison, pourrait vouloir le vendre, puisqu'il perd de l'argent depuis son lancement en 2003. Mais ses clients sont traditionnellement ceux qui cherchent les prix les plus faibles, et donc rapportent la marge la plus étroite.Autre cible potentielle pour Vodafone : Virgin Mobile, le principal opérateur virtuel (MVNO) du pays, avec 3 millions de clients. Actuellement, il utilise le réseau de T-Mobile, mais sa vente pourrait faire partie des négociations d'Orange et de Deutsche Telekom avec le régulateur, pour éviter de faire passer le groupe fusionné au-dessus de 40 % de parts de marché.une autre possibilitéCette vision de Vodafone cherchant à s'agrandir au Royaume-Uni n'est cependant pas partagée par Amanda Purton, analyste à Barclays, qui pense que la place de numéro trois au Royaume-Uni n'est pas catastrophique. « Vodafone va bénéficier du fait que le marché britannique dans son ensemble va devenir moins concurrentiel, souligne-t-elle. De plus, des acquisitions au Royaume-Uni iraient contre la volonté de ses actionnaires, qui veulent que Vodafone donne la priorité aux pays émergents. »Ajoutons que les problèmes du géant du portable sur son marché domestique ne représentent que 13 % de son chiffre d'affaires. À court terme, selon les analystes, le plus probable est donc que Vodafone ravale sa fierté, et décide de conserver sa stratégie actuelle : réduction des coûts, développement dans les pays émergents, et relance organique au Royaume-Uni. n
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