Armement : pourquoi la France a du mal à exporter

L\'année 2012 est une année à oublier dans le domaine des exportations d\'armements. En 2012, selon les premières estimations de la direction générale de l\'armement (DGA), les prises de commandes des groupes de défense français ont atteint 5 milliards d\'euros, en nette baisse par rapport à l\'année précédente (6,5 milliards d\'euros en 2011) mais stable par rapport à 2010 (5,12 milliards). \"On tangentera les 5 milliards d\'euros\", a annoncé ce mercredi lors d\'une conférence de presse le Délégué général de l\'armement, Laurent Collet-Billon. Il explique ces mauvais millésime par une très vive concurrence sur tous les marchés. Les chiffres définitifs doivent être annoncés en millieu d\'année par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. \"On ne peut pas dire que soit un chiffre significativement bon, on espérait un petit peu plus\", a reconnu Laurent Collet-Billon, \"d\'où la nécessité absolue pour nous d\'être encore plus fort au plan technologique et au plan économique\" pour regagner un avantage concurrentiel. \"En 2013, il est indispensable de poursuivre notre effort sur l\'expertise technologique, pour maintenir au meilleur standard les capacités des forces armées et préserver la compétitivité de notre industrie\", a-t-il insisté. Dans ce cadre, la DGA a augmenté en 2012 le montant des études en amont, pour préparer l\'avenir des systèmes d\'armement, à 706 millions d\'euros contre 695 millions en 2011. En raison de la baisse des budgets, elle a en revanche réduit ses commandes de programmes aux industriels, de 7,9 milliards en 2011 à 6,3 milliards l\'année dernière.\"Une concurrence extrêmement forte\"Pourquoi la France a-t-elle raté ses objectifs en matière d\'exportation d\'armes ? Plusieurs raisons à ces mauvais chiffres. Laurent Collet-Billon a expliqué la baisse des exportations par \"une concurrence extrêmement forte\" sur le marché des armements. Elle est due à la fois au \"retour des Américains, extrêmement offensifs du fait de la diminution des commandes de production\" du département de la Défense. En octobre dernier, il avait précisé devant les parlementaires que \"les Américains, qui préparent avec beaucoup d\'activisme le repli de leur budget de la défense, sont présents sur tous les marchés, notamment en Asie\". Il a également jugé ce mercredi que \"l\'émergence de pays qui accèdent à un niveau technologique les rend concurrentiels\". Il a cité pour exemple Israël, \"bientôt l\'Italie dans le domaine naval\", et la Corée du Sud. D\'après le quotidien israélien \"Haaretz\", citant les estimations du ministère de la Défense, les exportations de matériel militaire israélien ont grimpé de 20 % en 2012 pour atteindre 7 milliards de dollars (5,2 milliards d\'euros). Pour la première fois, Israël pourrait devancer devant la France si ces chiffres se confirment. En outre, explique un très bon observateur des ventes d\'armes à \"La Tribune\", \"Il n\'y a pas eu beaucoup de contrats au-dessus de 200 millions d\'euros en 2012\".Mais surtout, la France a échoué à vendre le Rafale, dont un contrat peut complètement changer en valeur les exportations française, contrairement aux espérances des industriels et de l\'Etat. Ensuite, comme le précisait déjà Laurent Collet-Billon en octobre, \"le marché se rétrécit\". Enfin, la campagne pour l\'élection du président de la République a gelé pendant au moins quatre mois les négociations en cours, les clients attendant le verdict des urnes et, ensuite, la mise en place de l\'équipe entrante. Enfin, dernier point, les mauvais signaux du nouveau pouvoir politique assurant ne pas vouloir jouer les VRP des ventes d\'armes. Ces signaux ont semble-t-il troublé, selon des observateurs de l\'armement, la lisibilité et la visibilité de l\'action française en la matière. Ce qui n\'a donc pas arrangé les affaires des industriels, qui se battent pour arracher des contrats à l\'exportation, nécessaires à leur modèle économique et aux emplois en France.Très peu de grands contrats en 2012Les gros contrats remportés par les industriels français l\'année dernière sont la commande par l\'Inde pour 959 millions d\'euros de missiles air-air Mica (Mica IR/EM) pour la cinquantaine de Mirage 2000 indiens en cours de modernisation par Dassault Aviation et Thales. Le Mica est fabriqué par MBDA, co-entreprise d\'EADS, du britannique BAE Systems et de l\'italien Finmeccanica. En outre, DCNS a vendu le design de six corvettes de type Gowind ainsi que le système de combat (CMS), le Setis, à la Malaisie. Enfin, la France a réussi à placer des armements à l\'Arabie saoudite, notamment 73 véhicules blindés hautement protégés, Aravis (environ 1,2 million d\'euros l\'exemplaire français). La région Asie-Pacifique a absorbé plus de 40 % du total des prises de commandes françaises, le Moyen Orient quelque 16 %, a précisé mercredi le directeur du développement international de la DGA, Stéphane Reb.En 2011, le tiercé de tête était très surprenant. Outre l\'Inde (1,696 milliard d\'euros) - un client habituel des industriels français -, qui a notamment signé un contrat pour la rénovation de 49 Mirage 2000 (1,4 milliard d\'euros à partager entre Thales et Dassault Aviation), on retrouve... la Russie (946,9 millions) et les Etats-Unis (926,3 millions), deux pays, qui ont une industrie de la défense performante et une politique en la matière protectionniste. DCNS avait notamment vendu à la marine russe deux porte-hélicoptères BPC de la classe Mistral et les Etats-Unis ont acheté, entre autre, 32 hélicoptères UH-72A Lakota à la filiale d\'EADS, Eurocopter (52 millions de dollars). L\'Arabie saoudite ne venait qu\'en quatrième position (854,8 millions) et les Emirats arabes unis, en froid avec la France en cinquième position (275,1 millions). Enfin, à noter que la Malaisie est resté en 2011 un bon client des industriels français avec 268,9 millions d\'acquisitions de matériels militaires \"Made in France\".
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