Galileo  : Astrium lance un audit sur les raisons de l'échec

Astrium traverse indéniablement une mauvaise passe. Surtout pour son ego de leader du secteur spatial européen. Cette contre-performance est certes à relativiser, puisqu'elle est contrebalancée par des succès commerciaux ? il a gagné en décembre quatre satellites de télécoms attribués par SES pour plus de 500 millions d'euros. Mais il a subi un échec cuisant sur le fameux contrat de 566 millions d'euros pour la construction de 14 satellites Galileo attribué par l'Union européenne (UE). Il est également proche de perdre les 6 futurs satellites Meteosat (1,3 milliard d'euros). Le tout accentué par des bureaux d'études en manque de charge de travail, avec la fin des développements des grands programmes. En dépit d'ultimes manoeuvres en coulisse d'EADS auprès de la chancellerie allemande pour faire casser la décision, l'ESA (Agence spatiale européenne) va choisir en milieu de semaine Thales Alenia Space associé à OHB, le cauchemar du début d'année d'Astrium, pour Meteosat. « Autant c'est sidérant qu'Astrium ait perdu Galileo, autant la victoire de Thales Alenia Space sur Meteosat est logique grâce à son expérience de trente ans sur ce segment de march頻, explique un bon connaisseur du secteur.Des échecs insupportables aux yeux du PDG d'Astrium, François Auque, qui a récemment lancé, selon nos informations, un audit interne pour déterminer les raisons de ces dysfonctionnements majeurs au sein du groupe. Car le constat est cruel mais logique pour Astrium sur Galileo : déjà trop cher de plus de 15 % (670 millions d'euros, juste en dessous du plafond fixé par l'ESA) par rapport au vainqueur OHB, sa proposition technique n'aurait pas été validée par l'ESA. « Astrium ne fait plus d'effort sur les prix, ne tente plus de séduire le client et considère les marchés européens comme captifs en raison de ses gênes européens », analyse un industriel du spatial. Même lors du débriefing de l'ESA et Bruxelles sur les raisons de son échec, Astrium aurait été arrogant, assure-t-on à « La Tribune ». La filiale d'EADS paye surtout pour les charges de ses structures franco-allemandes.irritation de BruxellesÀ l'image de sa maison mère sur l'A400M, les drones... Astrium n'a pas tenu compte, semble-t-il, de signaux d'alarmes. Notamment quand ses équipes de Toulouse ont débarqué à Ottobrunn, en Allemagne, pour faire une revue de la proposition quinze jours avant la remise finale de l'offre à Bruxelles. Un rendez-vous crucial qui s'est mal passé, les équipes allemandes passant par pertes et profits les nombreuses améliorations proposées. Et les critiques des équipes toulousaines ont été mises sur le compte de l'antagonisme franco-allemand chez EADS. Mauvais diagnostic. Le ménage a, semble-t-il, déjà commencé en Allemagne.Astrium a aussi volontairement passé outre l'irritation grandissante de Bruxelles, qui a pris la défense du contribuable contre la gestion calamiteuse de la phase 1 de Galileo par Astrium : deux ans de retard pour la livraison du satellite test Giove B, retards pour les satellites IOV et dérapage financier impressionnant (2,4 milliards pour un contrat initial de plus de 1 milliard). « On a fait un lobbying d'enfer contre cette position », affirme-t-on chez Astrium. M. C.« Astrium ne tente plus de séduire le client  », analyse un industriel.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.