Imbroglio autour du capital du groupe minier Eramet

Une nouvelle audience se tiendra aujourd'hui au tribunal de commerce de Paris dans l'affaire de l'assignation, par l'homme d'affaires Romain Zaleski, des actionnaires de référence d'Eramet, la famille Duval. Cette audience de procédure permettra aux avocats de Romain Zaleski de présenter leurs pièces et au juge de fixer la date à laquelle la défense pourra opposer les siennes. Cette affaire, vieille de dix ans, est venue compliquer un peu plus la recomposition du capital du groupe minier, alors qu'Areva menait des négociations difficiles avec le Fonds stratégique d'investissement français pour lui céder sa part de 26 %.Aujourd'hui détenteur de 13 % du capital d'Eramet, Romain Zaleski, fragilisé par la crise, accuse les Duval d'avoir trompé, en 1999, les actionnaires du groupe - l'État en l'occurrence - lorsqu'ils sont entrés au capital. La famille avait récupéré plus d'un tiers d'Eramet en échange de son entreprise d'alliages Sima. L'homme d'affaires, devenu actionnaire d'Eramet en 2000, ultérieurement donc, vise ni plus ni moins qu'une annulation de l'apport. Le groupe Duval « ne valait rien en 1999 », estime un de ses avocats, Yann Colin.Selon Romain Zaleski, la famille Duval a occulté l'ampleur de la dette de la SMC, filiale américaine à 38,5 % de Sima, qu'Eramet serait ensuite amené à éponger. L'argumentaire des conseils de Zaleski repose sur le fait que deux holdings luxembourgeois « ayant des liens capitalistiques » avec la famille Duval détenaient conjointement 36,6 % de la SMC. Ce « contrôle capitalistique » de la SMC par la famille, à hauteur de 75 % donc, aurait dû amener Sima à intégrer la dette de sa filiale, mettant ainsi son niveau en lumière. Dans l'entourage des Duval, on ne nie pas l'existence d'un pacte d'actionnaires entre la famille et les holdings luxembourgeois, relevé à l'époque par la commission des participations de l'État dans un avis publié au « Journal officiel ». « Mais aucun membre de la famille Duval n'était actionnaire directement ou indirectement des deux sociétés luxembourgeoises », indique une personne proche de la famille, qui ajoute que les comptes de la SMC, cotée au Nasdaq, étaient publics. « Zaleski veut créer un sujet mais je pense que ce n'est pas devant les tribunaux qu'il va chercher à obtenir ce qu'il veut », ajoute-t-elle.coup de froid« Coïncidence », comme l'affirme l'avocat Yann Colin, ou pas, cette assignation a jeté en janvier « un coup de froid » sur les négociations entre Areva et le FSI à propos de la reprise par ce dernier des 26 % détenus par le groupe nucléaire, indique-t-on de source proche des négociations. Et ce, alors que les discussions achoppaient déjà sur des questions de valorisation, la valeur du titre ayant été divisée par trois depuis mai 2008. Mais l'affaire Zaleski ne constitue pas la seule hypothèque sur ces négociations, que les pouvoirs publics continuent à appeler de leurs voeux et qui se poursuivent malgré tout. Si la patronne d'Areva, Anne Lauvergeon, venait à être remplacée prochainement, comme l'évoque une rumeur insistante, son successeur souhaiterait avoir la main sur ce dossier. Enfin, pour ne rien arranger, l'État a, selon « Les Échos », amorcé une réflexion sur sa stratégie minière... secteur dont Eramet et Areva, devenu premier producteur mondial d'uranium l'an dernier, détiennent les deux principaux actifs. nInfographie2cols 70mm« Zaleski veut créer un sujet mais je pense que ce n'est pas devant les tribunaux qu'il va chercher à obtenir ce qu'il veut. »
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