Pierrick Sorin, potache sérieux

Pénétrer ces jours-ci dans Le Lieu unique de Nantes où est montrée une rétrospective du travail de Pierrick Sorin, c'est un peu comme entrer sur un vaste terrain de jeux. Des jeunes passent d'un coin à l'autre en rigolant, des visiteurs pouffent devant leurs visages retransmis sur écran géant, d'autres se tordent le cou pour essayer de percer le mystère de quelque illusion optique... Bref, l'ambiance est joyeuse et c'est suffisamment rare dans un lieu d'exposition pour le souligner.Il faut dire que s'il a déjà exposé au musée Guggenheim de New York ou à la Tate Modern de Londres, l'artiste est un peu à part dans le milieu de l'art contemporain. Ses oeuvres manient la dérision, la moquerie et les clins d'oeil aux visiteurs. Point de désinvolture pour autant. Pour Pierrick Sorin, l'art est une question sérieuse. Il suffit d'écouter la commissaire Patricia Buck gentiment se plaindre du montage de l'exposition pour s'en assurer. «?Même après l'ouverture, explique-t-elle, Pierrick a continué de modifier l'emplacement des oeuvres. Il se pose toujours mille questions, change d'avis chaque jour. Cette exposition lui tient d'autant plus à coeur qu'il montre pour la première fois une grande étendue de son travail au public de sa ville d'origine.?»Partage Né à Nantes en 1960, l'artiste y vit toujours. Avec un peu de chance, vous pourrez tomber sur lui au cours d'une des visites guidées improvisées qu'il organise régulièrement avec les habitants de son quartier. Cette volonté de partage se retrouve dans son travail. C'est d'ailleurs ce qui le sauve du simple regard narcissique sur lui-même, ses vidéos le mettant inévitablement en scène.Parfois le public est même intégré dans les oeuvres. «?Warming Seat?» invite les visiteurs à s'asseoir pendant que leur image est retranscrite sur un écran leur faisant face. Dans le tube cathodique, comme par magie, l'artiste surgit et vient allumer un feu juste sous leurs fesses. Les réactions entre surprise, hilarité et perplexité, méritent le détour. Logiquement, Pierrick Sorin s'est dirigé depuis vers le spectacle vivant, en public. Il a par exemple mis en scène l'opéra de Rossini «?La Pietra del Paragone?» où il poussait à l'extrême ses jeux optiques. Les chanteurs évoluaient sur une scène nue entièrement bleue, pendant que des caméras captaient leur image pour les incruster en direct dans des décors numériques, le tout projeté sur un écran panoramique. Ludique, fascinant dans son exploration des limites entre réel et virtuel, le travail de Pierrick Sorin n'a pas fini de nous étonner.«?Rétrospective/Prospective?!?», jusqu'au 29?août à Nantes au Lieu unique et à la galerie Mélanie-Rio. Tél.?: 02.40.12.14.34. www.lelieuunique.com
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