Sarkozy compte sur un succès pour préparer 2012

À l'Élysée, à Matignon et à l'UMP, on affichait mardi une sérénité totale à la veille de la présentation du projet de réforme des retraites. François Fillon, aficionado de la course automobile, s'est même félicité que le gouvernement ait « pour l'instant » réalisé un « sans-faute aux essais » sur le texte qui sera présenté le 13 juillet en Conseil des ministres. Il faut désormais éviter la sortie de route car chacun, dans la majorité, a le souvenir brûlant des grandes grèves de l'hiver 1995 contre les réformes Juppé des retraites et de la Sécurité sociale, avec son record de 2 millions de manifestants dans les rues à la mi-décembre.Pour Nicolas Sarkozy, l'enjeu est crucial. Il subit depuis plusieurs mois la désaffection de l'opinion. Même si, dans son camp, le chef de l'État reste en tête des intentions de vote pour la présidentielle de 2012, il lui faut mener une opération de reconquête de son électorat. Et cela passe par la réussite de l'offensive des retraites. Voilà pourquoi l'exécutif a mis en scène une « vraie fausse » querelle entre un Nicolas Sarkozy soucieux de la paix sociale et penchant pour un report modéré de l'âge légal de la retraite et un François Fillon, plus « churchillien » que jamais, décidé à frapper fort les esprits en évoquant dès maintenant la piste des 63 ans. Car le chef de l'État a déjà laissé filtrer ce que serait sa stratégie pour briguer un second mandat dans deux ans?: il entend incarner un président « protecteur » après avoir été un dirigeant « réformateur » durant son premier quinquennat. Nicolas Sarkozy prend ainsi comme modèle le François Mitterrand de 1988 gagnant sa réélection sur le thème de « la France unie ».En même temps, le chef de l'État adresse des signaux au « noyau dur » de son électorat. Même entamé par une contribution demandée aux plus hauts revenus dans le cadre de la réforme des retraites, le « bouclier fiscal » demeure un dogme du sarkozysme. Et l'UMP donne du canon face aux propositions alternatives présentées par les socialistes. Avec l'éternel slogan sur une gauche fiscalement dépensière.À moins de deux ans de la présidentielle, l'opposition a elle aussi saisi l'importance stratégique du rendez-vous des retraites. Martine Aubry en fait la mère de toutes les batailles. La première secrétaire du PS a d'ores et déjà annoncé que les socialistes ramèneraient l'âge légal à 60 ans s'ils gagnaient en 2012. François Hollande a pris pour cible Nicolas Sarkozy en lui attribuant l'entière paternité de la réforme à venir. « Nous sommes dans un pays où la personnalisation du pouvoir est à ce point paroxystique qu'il faut que ce soit le président de la République lui-même qui, dans la nuit de mardi à mercredi, arrête le dispositif », a-t-il ironisé. Hélène Fontanaud
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