L'éditorial par Jean-Baptiste Jacquin

En choisissant de mettre sous le tapis certaines rancoeurs, d'abandonner certaines poursuites judiciaires et de renoncer au vocabulaire guerrier (lire page 9), Stéphane Richard et Xavier Niel, les patrons de France Télécome;lécom et de Free, ont pris une sage décision. Car les échanges de noms d'oiseaux, souvent par presse interposée, risquaient à la longue de distraire les chefs d'entreprise de leur mandat. Il faut dire que le secteur des télécoms a été marqué par un niveau particulièrement élevé de conflictualité ces dernières années. Les prétextes ne manquaient pas?: tarifs de dégroupage, quatrième licence de téléphonie mobile, tarifs d'interconnexion dans le mobile, etc. Normal, quand sur un marché anciennement monopole d'État, de nouveaux entrants doivent pouvoir grandir au côté d'un opérateur historique qui, lui aussi, a droit à un avenir?! Les patrons français n'ont rien à apprendre des footballeurs italiens lorsqu'il s'agit de geindre devant l'arbitre, en l'occurrence le régulateur des télécoms ou l'État, pour se faire passer pour une victime du joueur adverse. Ces guéguerres ont même dépassé le cadre des télécoms depuis que France Télécome;lécom s'est intéressé aux contenus et notamment aux droits du foot. Les relations avec Canal Plus ont même été plus tendues encore qu'avec Free. Là aussi, la période est à l'apaisement. Le changement d'homme chez France Télécome;lécom facilite ce changement de ton. Mais ne nous y trompons pas, la concurrence ne va pas s'assoupir au son de cette nouvelle musique. Le monde des affaires est de plus en plus dur. Et cette lutte se professionnalise. Fini les joutes théâtrales, place aux cabinets d'avocats et de lobbying. À l'image des pratiques américaines. Les concurrents de Microsoft et d'Intel n'ont pas fait beaucoup de bruit pour arracher de Bruxelles des condamnations record. Ils ont alimenté sans discontinuer la direction de la concurrence de la Commission en documents accusateurs. La paix conclue aujourd'hui entre Free et Orange est une paix armée. [email protected]
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.