Des marges de manoeuvre très étroites pour les organisations syndicales

« Quasiment une provocation » aux yeux de François Chérèque de la CFDT. « Une réforme brutale pour un recul social sans précédent », selon le communiqué de la CGT. « Des mesures socialement injustes et économiquement inefficaces » pour Force ouvrière. Tout au long de la journée de mercredi et jusqu'à l'intervention commune - inédite - de François Chérèque (CFDT) et de Bernard Thibault (CGT) au « 20 heures » de France 2, les critiques ont fusé dans le camp syndical sur le projet du gouvernement.la Cnav insatisfaiteUn rejet sans surprise compte tenu du choix de l'exécutif de reculer à 62 ans l'âge légal de départ à la retraite. Quasiment toutes les organisations en avaient fait un casus belli. Et même la CFE-CGC, qui se disait prête à envisager un recul de l'âge de départ, soulignait les limites financières du projet. « Le compte n'y est pas en termes de ressources et de financement », a regretté Danièle Karniewicz, présidente CGC de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav).Reste que, derrière la virulence des propos, pointe la difficulté à infléchir le projet de l'exécutif. Certes, Éric Woerth, qui recevra notamment ce jeudi le Medef et la CFDT, a accordé aux partenaires sociaux jusqu'à vendredi pour faire des propositions. Mais le ministère du Travail n'est pas prêt à des concessions importantes. D'autant qu'il estime avoir déjà fait un geste, notamment vis-à-vis de la CFDT. « Le recul de l'âge de départ à la retraite aurait pu s'appliquer de façon dure au dispositif ?carrières longues?. Or, pour les salariés ayant commencé à travailler à 16 ans, l'âge de départ n'est reculé que d'un an, tandis que le dispositif est élargi à ceux qui ont commencé à travailler à 17 ans », fait-on valoir rue de Grenelle, estimant le surcoût de cette concession à 1,3 milliard par an. Pour se concilier les bonnes grâces de la CFDT, le ministère du Travail n'exclut pas d'ajouter à son texte un calendrier sur la future mise en oeuvre d'une réforme systémique... à la condition que la CFDT cesse de pilonner son projet.Les syndicats misent désormais sur la journée du 24 juin. Les six organisations membres de l'intersyndicale (CGT, CFDT, CFTC, Solidaires, Unsa et FSU) se retrouvent, ce jeudi, pour tenter de rédiger un texte commun de réponse au gouvernement. L'enjeu est de taille. Jeudi prochain, les syndicats doivent absolument montrer qu'ils ont le soutien de l'opinion publique en dépassant le million de manifestants comptabilisés par la CGT le 27 mai dernier. Faute de réussir ce pari, ils auront les plus grandes difficultés à se faire entendre à la rentrée lors de l'examen du texte au Parlement. A. L. et S. T.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.