Le profil des leaders européens au crible de leur écriture

Les lettres communes franco-allemandes servent souvent à dissiper les soupçons sur les divergences entre Paris et Berlin. Cependant, mises côte à côte, les signatures de Nicolas Sarkozy et d'Angela Merkel offrent un contraste saisissant. L'une est aussi imposante que l'autre est discrète. Une signature est souvent le reflet de l'image que l'on veut donner de soi et, en fonction de la position, de l'inclinaison ou encore de la taille de celle-ci, il est possible d'en déduire des traits de caractère. A l'occasion du Sommet européen qui se tient ce jeudi à Bruxelles, « La Tribune » a demandé à plusieurs graphologues européens d'analyser les signatures des principaux dirigeants. La signature de Nicolas Sarkozy est composée de « mouvements vers le haut, de grands va-et-vient, avec d'énormes différences entre les petites et les grandes lettres », observe Marie-Thérèse Christians, experte en écritures auprès des tribunaux de Bruxelles. « Il est important pour lui de s'affirmer, de se dépasser, d'imposer ses points de vue. » La graphologue belge note toutefois qu'« il est plus prudent qu'on ne le croit. » Une analyse partagée par Alberto Bravo, président de l'Institut supérieur de graphologie de Rome, qui observe « un sentiment de circonspection et de prudence ». Nicolas Sarkozy « n'adhère pas facilement aux propositions des autres s'il ne les a pas attentivement évaluées », alors qu'il « reste attaché aux siennes avec une certaine obstination ». Pour Marie Anne Nauer, vice présidente de la Société suisse de graphologie, cette signature révèle « un travailleur assidu, même acharné. » « Nicolas Sarkozy va de l'avant et veut trouver des solutions quand Angela Merkel reste dans l'attente », souligne Marie-Thérèse Christians. La signature de la chancelière, avec une forme de lettres très simple et une bonne pression, dégage une « authenticité, mais faussement claire car le A ressemble à un C et le M à un W ». « Introvertie », Angela Merkel « n'est pas quelqu'un que l'on découvre facilement. Elle sait jouer avec les silences lorsqu'elle considère que c'est nécessaire. » Alberto Bravo juge la dirigeante allemande « capable d'être très sévère avec elle-même au point d'inhiber en elle des exigences d'ordre affectif. Elle a horreur des passions. » Elle agit avec « une bonne économie de son énergie, ne se dépensant pas facilement », relève Marie Anne Nauer.Constatant un gonflement « vaniteux » des lettres de Silvio Berlusconi, Marie Thérèse Christians accorde au président du Conseil italien « beaucoup d'intuition ». « Il est prêt à faire du charme mais ne lâche pas. » Le Britannique David Cameron, qui va participer à son premier sommet européen, est « capable de revoir sa position quand il se rend compte que ses évaluations pourraient être mauvaises », considère Alberto Bravo. Le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a une signature «simple, rapide et ferme », observe Marie-Thérèse Christians. « Il a pris le temps de faire une petite boucle : il est d'abord diplomate puis il tranche ». José Luis Zapatero, dont la signature est lisible et soulignée, s'engage entièrement et a une volonté d'affirmation. Pour Alberto Bravo, « il est profond dans sa pensée mais il peut devenir pédant dès qu'on le contredit ».La signature du Président du Conseil européen Herman Van Rompuy « est étonnante et ne correspond pas à son image d'homme modeste, retenu », considère Marie-Thérèse Christians. « Ce n'est pas une petite signature, il a envie de prendre sa place. « Sa signature donne l'impression d'un label dessiné, élaboré artificiellement », note Marie Anne Nauer. La signature de José Manuel Barroso inspire à Marie-Thérèse Christians « une intelligence brillante avec un champ de conscience très large ». Le président de la Commission « n'est pas quelqu'un qui s'impose de manière autoritaire. Il n'oppose pas de résistance mais le point en fin de signature montre la sécurité : je vais jusque là, mais pas plus loin. » Un point commun à toutes ces signatures : « Enormément d'ambition, et la volonté d'imposer leur point de vue », relève Marie Thérèse Christians. Yann-Antony Noghès, à Bruxelle
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