Les banques d'affaires handicapées

Si les banques ont évité le pire avec les nouvelles normes prudentielles de Bâle III, les banques d'affaires ont manqué le meilleur. Depuis lundi, les établissements financiers respirent de ne pas devoir lancer en urgence des augmentations de capital géantes. Mais les banques d'affaires, qui sont à la manoeuvre pour les opérations de marché, soupirent de ne pouvoir profiter de ces affaires lucratives. Si les régulateurs avaient été plus sévères, ces dernières auraient aidé les banques à lever ces milliards d'euros, et engrangé des centaines de millions d'euros de commissions de placement. « Les levées de capitaux et donc le volume d'activité des banques d'affaires seront plus faibles que prévu car les nouvelles règles du Comité de Bâle sont dans la partie basse des estimations », constate Eric Richard, responsable des institutions financières chez Credit Suisse en Europe. Ce manque à gagner est d'autant plus dommageable que les augmentations de capital sont très rentables pour les banques d'affaires. Ces dernières facturent la prise de risque sur leur bilan, la mise en place de l'opération, le placement auprès d'investisseurs et la recherche dédiée. Lors des deux dernières années, elles ont réalisé entre 30 % et 50 % de leurs revenus grâce aux banques, l'essentiel provenant des augmentations de capital qui se sont multipliées pendant la crise. facteurs de confianceAu-delà, les opérations de fusions-acquisitions pourraient être pénalisées par ces nouvelles normes prudentielles. « Les banques pourront progressivement auto-financer le renforcement de leurs fonds propres. L'inconvénient est qu'une fois les dividendes distribués, il ne restera plus beaucoup d'excédents pour réaliser des acquisitions », explique Joël Chapellier chez JP Morgan. Et certains banquiers d'affaires pensent tout bas que des conditions réglementaires plus strictes auraient pu relancer un mouvement de consolidation en Europe. Faute de capital suffisant, certaines banques européennes auraient été contraintes de s'adosser. « Toutefois, un environnement réglementaire clair et des exigences surmontables dans le temps pour la plupart des banques sont des facteurs de confiance propices aux opérations de croissance externe », ajoute Eric Richard. Il sera alors temps de financer les acquisitions par appel au marché. Dans un monde idéal. M. Pe.
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