Quarante A380 livrés par an. Presqu'autant que la production des trois dernières années. Cet objectif de vitesse de croisière pour l'avion géant d'Airbus, prévu initialement en 2010, avait complètement disparu du vocabulaire des dirigeants d'Airbus avec les déboires rencontrés par ce programme depuis 2005.Aujourd'hui, malgré les difficultés du motoriste Rolls-Royce dont l'un des moteurs a explosé sur un A380 de Qantas en novembre, un calendrier se dessine. Airbus pourrait parvenir à livrer 40 superjumbos en 2013, contre 18 en 2010 et entre 20 et 25 en 2011. « C'est effectivement envisageable au regard de la montée en cadences prévue », explique à « La Tribune » un dirigeant de l'avionneur. Airbus compte en effet produire, selon son PDG Tom Enders, « plus de deux A380 par mois en 2011, puis trois en 2012 ». Un tel rythme, qui aurait dû être atteint fin 2010 sans la défaillance de Rolls-Royce, permettrait au programme A380 d'atteindre l'équilibre opérationnel, selon l'analyste d'Oddo Securities, Yan Derocles. Ce dernier estime la perte opérationnelle de l'A380 à près de 1 milliard d'euros en 2010. Airbus a repris le contrôle de la production de son avion vedette. « Ce n'est plus un programme en développement », précise Tom Enders. Les coûts ont été réduits et la qualité des appareils ne cesse de s'améliorer. Il n'y aurait quasiment plus de modifications à apporter une fois les avions produits, et autant de pénalités en moins à payer aux compagnies.Reprise en mainPour autant, la production de 2011 s'annonce compliquée. Car l'incertitude provient de « la capacité de Rolls-Royce de livrer le maximum de moteurs avec de nouveaux standards », explique le directeur général d'Airbus, Fabrice Brégier. Airbus, qui prévoyait une production équilibrée sur l'année, anticipe désormais que 60 % de ses livraisons d'A380 prévues le seront au second semestre. « Nous y verrons plus clair en mai », indique le directeur des programmes, Tom Williams, précisant que la question des compensations serait abordée au premier semestre. Quelques appareils équipés de moteurs Engine Alliance (General Electric et Pratt & Whitney), choisis par Air France et Emirates, pourraient être livrés un peu plus tôt. China Southern et Korean Air, les deux nouveaux clients qui recevront l'A380 cette année, seront équipés de moteurs Rolls-Royce.Cette reprise en main de la production a de quoi rassurer les compagnies. Après les 32 exemplaires commandés en 2010, Airbus élargit son portefeuille de clients. Alors que la japonaise Skymark a signé en novembre une lettre d'intention pour quatre A380, la coréenne Asiana s'est engagée début janvier pour six appareils. Selon Christian Scherer, en charge de la stratégie et des avions futurs, « Airbus travaille aujourd'hui sur des campagnes significatives ». De quoi faire grosser le carnet de commandes de l'A380, qui s'élève à 193 exemplaires.
La production d'Airbus A380 va atteindre sa vitesse de croisière
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