Les chantres du commerce international l'ont suffisamment clamé pour qu'aujourd'hui l'inquiétude soit grande : la reprise des échanges mondiaux est là, mais elle est très faible depuis le début de l'année. Elle accuse un sérieux retard sur la reprise de la croissance. Dans une étude récente, Patrick Artus, le directeur des Etudes économiques chez Natixis, a calculé que « les exportations mondiales (hors pétrole) sont toujours 23 % plus basses que leur pic d'avant la crise ». En revanche la production manufacturière mondiale n'est que 7 % plus basse », poursuit-il. Et « le Pib mondial n'est que 2 % plus bas » , ajoute t-il encore. Cette situation « anormale », prive l'économie mondiale de l'un de ses principaux moteurs. « La faiblesse du commerce mondial handicape la reprise en freinant les exportations, alors que la demande intérieure reste faible », s'alarme Patrick Artus . Plusieurs causes sont en jeu. D'une part , le commerce mondial pâtit d'un « déficit de la demande intérieure » dans de grands pays importateurs comme ceux de l'OCDE ou même du monde émergent (Russie, Amérique latine ...) ; et d'autre part on observe un effet de « substitution de la production domestique aux importations », dans un certain nombre de pays. Chez BNP Paribas, Philippe d'Arvisenet, responsable des études chez BNP Paribas, confirme le rôle de l'insuffisance de la demande interne. Selon lui, « nombre de pays sont encore dans une phase de déstockage, même si elle touche à sa fin, et les importations sont très sensibles à cela ». Cette faiblesse actuelle des échanges internationaux ne fait qu'aviver les frictions entre grandes puissances économiques, au moment où chaque pays est à l'affût de relais de croissance extérieur. En témoignent la montée des contentieux commerciaux et des réflexes protectionnistes entre la Chine et le reste du monde, mais aussi entre les Etats-Unis et l'Union européenne, en froid depuis la polémique sur le contrat des avions ravitailleurs.Laurent Chemineau

latribune.fr

17 Mars 2010, 23:19

Partager :