Pékin réévalue sa politique nucléaire

Les autorités chinoises ont lancé jeudi un appel au calme alors qu'une partie de sa population s'inquiète de la possibilité des retombées radioactives issues de la centrale de Fukushima. La veille, le Premier ministre Wen Jiabao avait déjà réuni en urgence son cabinet pour discuter des conséquences de la crise nucléaire japonaise et pour évaluer les risques potentiels pour la Chine. Un communiqué publié suite à la réunion concluait que le pays n'était en rien menacé.Le conseil d'État a également annoncé la suspension des autorisations des nouvelles centrales nucléaires et ordonné une inspection des conditions de sécurité dans les treize centrales actuellement en opération. Douze autres sont en construction et une cinquantaine en cours de planification.Si les analystes à ce stade ne voient pas dans les récentes déclarations un réel changement de la politique nucléaire chinoise, ils estiment néanmoins qu'il y a un débat au sein du gouvernement et que la Chine s'offre un délai de réflexion pour ralentir le rythme effréné de sa croissance nucléaire. Mercredi, un inspecteur au sein du ministère de la Protection de l'environnement a dit que la Chine avait cruellement besoin d'une loi sur « l'énergie atomique ». « C'est l'occasion pour dire aux provinces qui font la queue pour demander des autorisations de se calmer », remarque Alain Tournyol du Clos, conseiller nucléaire à l'ambassade de France.« C'est dans la droite ligne de ce qu'on a pu voir dans les derniers discours de Zhang Guobao, (ancien directeur de l'administration de l'énergie). Il a toujours tempéré ceux qui voulaient revoir les objectifs nucléaires à la hausse », poursuit l'expert français.La Chine a annoncé l'installation d'une capacité nucléaire de 40 gigawatts d'ici à 2020, mais les médias chinois ont souvent annoncé que ce chiffre pourrait doubler.La crise de Fukushima et les déclarations de Wen Jiabao ont relancé le débat sur la sûreté de ses réacteurs. Cependant, à ce stade rien ne prouve que les conditions de sécurité en Chine - peu connue pour sa transparence et sa rigueur sécuritaire - font défaut. « Le vrai problème soulevé par Fukushima est la capacité pour une centrale de résister à un tsunami. Or ce risque est minime en Chine. Les vrais problèmes qui pourraient se poser sont ceux d'un tremblement de terre, des typhons ou des crues », explique un expert nucléaire français. Virginie Mangin à Pék
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