On se contente de peu à Bercy. Alors que les clignotants de l'économie sont soit verts pâles, soit bien rouges comme le moral des ménages et des industriels, le ministère de l'économie s'est réjoui hier du « double record historique des créations d'entreprises et des créations d'auto-entrepreneurs ». Celles-ci ont bondi de 12,9 % entre janvier et février, à 57.748 unités selon l'Insee. Certes, ce chiffre constitue un record. Mais celui-ci s'explique essentiellement par les 35.802 inscriptions au régime social des auto-entrepreneurs qui tire l'ensemble des créations d'entreprises.« Le nombre de créations d'auto-entrepreneurs au début de 2010 est très supérieur à la moyenne mensuelle de 2009. L'engouement des Français pour le dispositif de l'auto-entrepreneur ne se dément donc pas, plus d'un an après sa création », se félicite Bercy. incertitudesTout ceci est vrai. Il serait mal venu de tailler en pièces un dispositif qui permet à chaque citoyen de pouvoir « travailler plus pour gagner plus ». Toutefois, compte tenu des incertitudes concernant le chiffre d'affaires réel des auto-entreprises (6.471 euros de chiffre d'affaires cumulé depuis janvier 2009 selon l'Observatoire de l'auto-entrepreneur) et des doutes entourant leur capacité à se transformer en entreprises à part entière, mais aussi des dégâts supposés que ce statut inflige à certains secteurs (lire ci-dessous), il est imprudent de considérer ce boom comme une nouvelle extraordinaire, sans équivoque, pour l'économie française. Un scepticisme qui vaut d'autant plus que les créations d'entreprises hors auto-entrepreneurs ont reculé pour la première fois depuis sept ans en 2009 et que la probabilité que ce repli perdure en 2010 est forte. Celles-ci s'élevaient à 331.400 en 2008, 260.200 en 2009 et, si l'on projette les chiffres de janvier (19.717) et de février (21.946), la barre des 250.000 ne serait pas franchi. Même si l'on imagine bien qu'un certain nombre de neo-entrepreneurs ont opté pour l'auto-entreprise, suivant le principe des vases communicants, on peut tout de même se permettre de tempérer l'enthousiasme de Bercy.

latribune.fr

17 Mars 2010, 23:19

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