Enfin, la Coupe du monde de football va commencer pour les téléspectateurs de l'Hexagone. La France va pouvoir se libérer de ses fantasmes chauvino-cocardiers. Car depuis la qualification périlleuse des Bleus pour ce sommet mondial du ballon rond, on nous a infligé une suite de matchs médiocres, décevants, désespérants. A chaque fois, il y avait l'explication technique, la petite histoire de vestiaire, la pression médiatique qui obligeait à décortiquer la défaillance de tel joueur pour y voir le potentiel d'amélioration, à analyser le raté de tel schéma technique pour y entrevoir le schéma suivant, à interpréter les propos sibyllins du sélectionneur pour y déceler une stratégie secrète. Arrêtons de vouloir ressusciter 1998Las, l'équipe de France est en passe de sortir de cette compétition par la petite porte. Et alors ! Où est le problème ? On va enfin pouvoir regarder des grandes équipes de football s'affronter. Car c'est avant tout cela le Mondial. Du beau jeu, il y en a eu et il y en aura encore jusqu'au 11 juillet. Arrêtons à chaque fois de vouloir ressusciter l'enthousiasme de 1998 sous prétexte que cela redonne de l'espoir à une jeunesse, ressoude une nation métissée et ajoute quelques dixièmes de points à la croissance du PIB. Quelle erreur de soumettre tant d'enjeux aux performances d'une équipe de sport. Si les dribbles d'anthologie enthousiasment la jeunesse, profitons de l'Argentin Lionel Messi, de l'Allemand Miroslav Klose ou du Portugais Cristiano Ronaldo. Si le foot est un antidote au racisme, libérons-nous d'abord de ce réflexe chauvin qui fait la mauvaise foi, les mauvais joueurs, et réveille l'agressivité nationaliste. Quant à la croissance, n'attendons pas le coup de sifflet final de l'arbitre pour s'en préoccuper. Mais pour l'heure, place au foot !

latribune.fr

19 Juin 2010, 0:58

Partager :