Jusqu'où faire payer BP ?

cite>BP paiera. Mardi, dans son discours à la nation depuis le bureau ovale de la Maison Blanche, Barack Obama l'a répété à deux reprises. BP paiera intégralement pour les dégâts provoqués par la marée noire. L'ampleur de ces dédommagements reste inconnu. Les analystes les plus pessimistes ont estimé, au doigt mouillé, que l'enveloppe pourrait atteindre 40 milliards de dollars. Raison pour laquelle les marchés apprécient actuellement que la contribution de BP au fonds de dédommagement se limite à 20 milliards, passant rapidement sur le fait que ce montant ne constitue pas un plafond. Poupée vaudoueMais un autre risque se profile pour BP, aussi difficile à jauger et potentiellement plus dangereux. C'est sa capacité à continuer à être actif aux Etats-Unis, où il est le premier producteur d'hydrocarbures. Aujourd'hui, les aiguilles plantées dans la poupée vaudoue qu'est devenue le groupe peuvent être politiquement payantes, dans un climat chauffé à blanc par la colère populaire et les élections à venir. Lors de l'audition jeudi du directeur général de BP Tony Hayward au Congrès, le représentant démocrate Bart Stupak a suggéré que l'historique médiocre de BP en matière de sécurité aux Etats-Unis justifierait de lui interdire de faire du business dans le pays. BP, dont l'accident à la raffinerie de Texas City avait fait 15 morts en 2005, a depuis enfreint 760 fois les réglementations en matière de sécurité - contre huits fois pour ConocoPhillips, ou une fois pour Exxon - selon des statistiques du U.S. Occupational Safety and Health Administration citées par John Sullivan, un élu républicain. Eaux profondesAlors que les entreprises pétrolières sont presque exclusivement jugées sur leur production et le renouvellement de leurs réserves, les déboires de BP pourraient compromettre son avenir. A cette aune, British Petroleum, comme certains dirigeants politiques à Washington l'ont désigné, comme s'il s'agissait d'un qualificatif infâmant, est avant tout américain, depuis le double rachat en d'Amoco et d'Arco au tournant du siècle. Dans le pétrole, 26% de la production de BP et 30% de ses réserves se trouvent aux Etats-unis. En termes d'emplois, le groupe employait 30.000 personnes aux Etats-unis fin 2009, soit un tiers des ses effectifs. « Les eaux profondes du Golfe du Mexique sont notre plus grande zone de croissance aux Etats-Unis », se réjouissait le groupe dans son dernier rapport annuel. Dans un avenir proche, qui, aux Etats-Unis, attribuera un permis d'exploration à BP, s'il se trouve en concurrence avec Exxon, ConocoPhillips ou Chevron ?
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