Bulle ou pas bulle sur le métal jaune ?

C'est ce qui s'appelle une spirale positive, mais d'autres parleront de « bulle ». Depuis la mi-2007, début de la crise économique et financière, l'once d'or, libellée en dollars, a bondi de plus de 90 %. Le cap des 1.250 dollars a été allègrement dépassé et d'aucuns prédisent déjà que le seuil des 1.500 dollars sera aisément atteint. Ce qui, selon les partisans du métal jaune, ouvrirait ensuite une voie royale vers les 2.000 dollars .En novembre 2009, alors que l'once se situait encore à 1.000 dollars environ, l'économiste Nouriel Roubini, « l'homme qui a prévu la crise », affirmait que l'or pouvait certes encore grimper à 1.100 dollars.Roubini contre Jim Rogers Mais un cours de 1.500 voire de 2.000 dollars deviendrait un non-sens complet, la bulle spéculative devant éclater. Roubini s'en prenait aux prévisions optimistes du gourou incontesté des matières premières, l'Américain Jim Rogers, l'investisseur qui a créé le fonds Quantum avec George Soros. 2000 dollars, c'était également la prévision de Roland Leuschel. En novembre 2007, l'ancien gourou belgo-allemand de la BBL évoquait tout le bien qu'il pensait du métal jaune alors que celui-ci n'était encore qu'à 800 dollars. « Je ne peux pas vous dire quand ce cours de 2.000 dollars sera atteint mais le fait que l'inflation s'accélère et que le dollar va continuer de s'affaiblir sont deux facteurs clés, combinés à un déficit croissant de l'offre par rapport à la demande, qui plaident en faveur d'une hausse rapide du métal jaune ».Déconnexion dollar-orDeux ans et demi plus tard, l'inflation n'est guère visible et le dollar a regagné du terrain face à l'euro.?En dépit de cela, le métal jaune n'en continue pas moins à caracoler vers les sommets. Pour les spécialistes de la firme BlackRock, cette déconnexion dollar-or (l'or avait tendance à monter quand l'autre valeur refuge, le dollar, décrochait) est le signe d'un cycle haussier important. D'autant que tout le monde se rue vers le métal précieux: les fonds de placement, les investisseurs institutionnels et, aujourd'hui, les particuliers.?Même Roubini nous le confiait voici une semaine: l'or peut constituer une petite part de tout portefeuille.?Cet actif, dit-il, est susceptible d'être soutenu par deux facteurs: l'inflation et l'accentuation de la crise économique.? L'inflation, Roubini n'y croit guère.?C'est plutôt la déflation qui menace.?Mais à ses yeux, l'or peut constituer un intéressant rempart face aux inquiétudes concernant la solidité de certains Etats européens ainsi que du système bancaire. Malgré ce revirement d'opinion, ne comptez pas sur Roubini pour devenir résolument «bullish» sur l'or, ce n'est pas son style.Robert Prechter lance, lui, un cri d'alarmeÀ l'inverse de ces fanatiques du métal jaune qui clament que l'once pourrait culminer à 5.000 dollars, Robert Prechter lance, lui, un cri d'alarme. Ce spécialiste de l'analyse technique, qui s'est surtout rendu célèbre par ses prévisions dans les années 80, se dit fort mal à l'aise face à cet engouement généralisé pour le marché de l'or. Ses indicateurs de sentiment sont haussiers à 98 %, le niveau le plus élevé jamais atteint dans l'histoire par un métal. Un signe qui ne trompe pas car cet optimisme unanimiste rend l'or sensible à une chute soudaine et brutale. Cette année, l'or a déjà pris 15 % en dollars et le double en euros. Fait rare, il fait presque figure de placement « win-win » dans tous les cas de figure: inflation, instabilité économique et financière, baisse du dollar, hausse du dollar... Il n'en reste pas moins que si l'on regarde la progression de l'once d'or depuis 2001, lorsqu'il se situait encore à moins de 300 dollars, l'allure de la courbe a de quoi donner un peu le vertige.
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