Le marché européen du livre tient bon

La 61e Foire du livre de Francfort a fermé ses portes hier sur une note mitigée. Au cours des trois premières journées, réservées aux professionnels, les visiteurs ont été 5.500 de moins que l'an passé, soit un recul de 3,5 % à 152.530. Dans les travées du salon, on remarquait surtout que les Américains se montraient plus discrets qu'à l'accoutumée.Pour autant, l'activité commerciale est bien orientée. Les éditeurs allemands se sont dit généralement satisfaits de ces trois journées sur le plan des transactions. « La crise économique n'est pas encore arrivée jusqu'à nous », se réjouissait-on ainsi chez Fischer, une des grandes maisons d'édition d'outre-Rhin, qui a néanmoins annoncé à Francfort des mesures d'économies. Même ambiance sur les stands français. « On ne voit aucune rupture, le marché reste actif et cela se passe bien », constate Ronald Blunden, directeur de la communication chez Hachette Livre. Même son de cloche chez Gallimard où Anne-Solange Noble, responsable des cessions de droits, affirme ne « ressentir aucune crise ». « Le rythme des signatures de contrat est soutenu et l'intérêt reste vif », affirme-t-elle. Elle avance cependant une hypothèse pouvant expliquer pourquoi les éditeurs d'Europe continentale pourraient profiter de la crise : « Le montant énorme des avances payées par les éditeurs américains les oblige à pratiquer des prix élevés. En raison de la crise, beaucoup d'acheteurs pourraient préférer se tourner vers des ouvrages moins coûteux et de bonne qualité, comme les français, qui sont plus faciles à rentabiliser. » hachette en chine Invitée d'honneur controversée (lire l'encadré), la Chine a évidemment été au c?ur de toutes les attentions commerciales. Hachette Livre a ainsi annoncé à Francfort la signature d'un accord avec un des principaux éditeurs de l'empire du Milieu, PPMG. Les deux groupes ont décidé de fonder une coentreprise pour exporter des ouvrages chinois et vendre en Chine le fonds Hachette. « Nous menions des discussions depuis deux ans. L'approche de Francfort a permis d'accélérer les discussions, mais aussi la volonté du gouvernement de Pékin, qui a décidé d'ouvrir plus largement son secteur des médias », résume Ronald Blunden.Mais la grande peur des éditeurs a un nom : Google qui, cette année, avait fait le voyage sur les bords du Main, alors même qu'il est en pleine renégociation de son accord avec les éditeurs américains. « C'était l'occasion pour les éditeurs européens de faire connaître à Google leurs revendications », résume Ronald Blunden pour qui les « discussions ont été très intenses ». Le groupe californien aura-t-il entendu les doléances européennes qui craignent une remise en cause du droit d'auteur et l'établissement d'un nouveau monopole ? Ronald Blunden répond par une autre question : « Ils nous ont écoutés, mais nous ont-ils entendus ? »rassurer les Européens Les responsables de Google se sont cependant attachés à rassurer les Européens à Francfort, sans toutefois cacher leur volonté d'élargir au Vieux Continent le projet Google Books. Par ailleurs, le groupe américain a profité de la grand-messe de l'édition pour annoncer le lancement au premier trimestre 2010 d'un site de ventes de 500.000 ouvrages numérisés. Google continue donc de tisser sa toile dans le secteur, même s'il laisse la champ libre aux Amazon et autres Sony sur les lecteurs de livres numériques. n
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