« ? Carlos ? », la bombe d'Assayas

Le journaliste et producteur Daniel Leconte s'est doté de moyens exceptionnels pour mener à terme son projet de « biopic » du terroriste Carlos. Notamment en faisant appel au réalisateur Olivier Assayas, et au romancier et scénariste Dan Franck. Mais aussi au journaliste Stephen Smith pour la documentation historique. Tournée en cinémascope entre Beyrouth, Paris ou Budapest, découpée en trois épisodes, la série était présentée à Cannes, hors compétition. Un régal, tant Assayas réussit une oeuvre enlevée et captivante, d'autant plus passionnante que Carlos y apparaît dans toute sa complexité, charismatique certes, mais avant tout cruel, sanguinaire et cupide. Fils d'un avocat vénézuélien marxiste, Ilich Ramirez Sanchez a fait ses études en Union soviétique, avant d'être exclu de la fac de Moscou. Il rejoint alors le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) dont il devient le numéro 2 en Europe en 1973. C'est la date à laquelle commence la série. Il met alors au point plusieurs attentats, est trahi par l'un des membres du groupe qu'il abat de sang froid ainsi que deux policiers de la DST. itinéraire d'un mercenaireObligé de fuir, il se réfugie au Yémen et se voit confier une nouvelle mission : tuer les représentants saoudien et iranien de l'Opep, à Vienne, en 1975. Lui préfère plutôt libérer ces deux derniers contre 20 millions de dollars des Saoudiens. Ce qui vaut au terroriste une exclusion du FPLP. Installé en Europe de l'Est, aidé par la Stasi, il va dès lors travailler en mercenaire pour le compte d'États terroristes comme la Lybie ou la Syrie jusqu'à son départ pour le Soudan, après la chute du mur de Berlin. C'est là que le général Rondot le récupère pour le ramener en France.On est bluffé par la prestation époustouflante d'Edgar Ramirez dans le rôle de Carlos. Avec quelques voitures, des costumes d'époque, des fumeurs à tous les plans, Olivier Assayas réussit une remarquable reconstitution historique. De quoi nous plonger dans ces années de guerre froide, de terrorisme d'État. Des pratiques d'un autre siècle.
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