Le discret recentrage de Martine Aubry sur les retraites

L'affaire Woerth-Bettencourt a fourni à Martine Aubry un bouclier social sur la question des retraites. Elle a permis à la première secrétaire du Parti socialiste d'opérer discrètement, début juillet, un recentrage du discours de son parti sur la réforme phare du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Parti bille en tête contre le projet gouvernemental, qui prévoit de repousser de 60 à 62 ans l'âge légal de départ en retraite, le PS avait promis de revenir aux 60 ans, en cas de victoire à la présidentielle de 2012. Martine Aubry a précisé depuis que ce retour aux 60 ans concernerait surtout les travailleurs ayant accompli les tâches les plus pénibles. Dans un souci de « justice sociale ».La maire de Lille a même été plus loin en évoquant l'allongement de la durée de cotisation. « Nous savons que nous travaillerons plus longtemps à cause de l'allongement de l'espérance de vie », a-t-elle expliqué lors d'un débat à Roubaix. Dans le discours de la patronne du PS, ce rééquilibrage se fait notamment au détriment des arguments sur la nécessité de faire davantage contribuer les revenus du capital au financement du système de retraite par répartition.normalisationRien que de très normal pour les proches de Martine Aubry, qui soulignent qu'après avoir conquis le PS avec l'aide de l'aile gauche du parti la maire de Lille doit logiquement se recentrer pour espérer représenter une alternative raisonnable à Nicolas Sarkozy dans moins de deux ans. « Si la gauche recommence à promettre l'impossible, le retour de bâton sera aussi terrible qu'en 1983 ou en 1993. Il faut arrêter avec cette coupure entre gauche d'opposition et gauche de gouvernement », explique un fidèle de la première secrétaire.Martine Aubry délaisse ainsi le terrain de l'opposition radicale, qu'elle laisse à Ségolène Royal. La présidente de Poitou-Charentes exige un référendum sur la réforme des retraites. Les deux rivales du congrès de Reims ont normalisé leurs relations ces derniers mois, et ce au détriment de Dominique Strauss-Kahn et François Hollande, les deux présidentiables « sociaux-réformistes » que Martine Aubry entend contrer avec son opération recentrage. Hélène Fontanaud
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