Vivendi  : nouvelles accusations contre la communication Messier

justiceLe procès collectif (« class action ») de Vivendi a entamé hier sa troisième semaine à New York. Les plaignants accusent essentiellement le groupe d'avoir caché la crise de trésorerie qu'il subissait entre fin 2001 et mi-2002. Pour étayer cette accusation, ils reprochent aussi à l'ex-PDG Jean-Marie Messier de ne pas avoir non plus dit la vérité sur sa rentabilité opérationnelle. Ce point n'avait pas été abordé par les enquêtes de l'AMF ni de la SEC. Vivendi assure aujourd'hui qu'il n'a aucun rapport avec la trésorerie qui est le sujet de la class action.À l'époque, Vivendi utilisait largement l'Ebitda (excédent brut d'exploitation) pour communiquer sur sa rentabilité. Selon les plaignants, une bonne part de cet Ebitda ne provenait pas de l'activité, mais était « non cash », c'est-à-dire purement comptable. Ainsi, sur la croissance de l'Ebitda en 2001, seule la moitié provenait de l'activité. Et, sur le 1,15 milliard d'Ebitda de la musique en 2001, seuls 723 millions provenaient de l'activité.En pratique, cette rentabilité « non cash » provenait du rachat de Seagram, que Vivendi avait choisi de comptabiliser sous la forme d'une acquisition ? en anglais, « purchase accounting » ou « PA ». Dans une note interne, le directeur financier, Guillaume Hannezo, souligne l'intérêt du PA, qui permet  d' « éviter les profits warnings », en fournissant un « matelas ». Dans une autre, il explique : « nous appliquons la magie comptable [PA, ajustements sous l'Ebitda, etc.], qui mène à l'Ebitda prévu au budget ».« options comptables »Ainsi, en 2001, Vivendi annonce un Ebitda stable pour la musique. Mais le vice-président, Edgar Bronfman Jr., écrit aux salariés : « l'Ebitda a été atteint avec un grand apport du PA. Ce qui s'est vraiment passé, c'est que l'Ebitda était en recul d'environ 15 %. » Précédemment, le directeur financier d'Universal Music avait écrit à Edgar Bronfman Jr. : « près des deux tiers de l'Ebitda du troisième trimestre 2001 provient du PA, des ?options comptables? et de transactions exceptionnelles. »L'avocat de Vivendi, lors de l'ouverture du procès, a répondu que le PA était la seule méthode possible pour comptabiliser le rachat de Seagram, et que cela avait été annoncé au marché, qui en était conscient, citant à l'appui une analyse de Morgan Stanley de 2001. Mais Vivendi n'a pas répondu à la principale accusation, c'est-à-dire que le poids du PA dans l'Ebitda était tenu secret. Ainsi, le chef comptable, John Luczycki, écrit à une subordonnée : « le PA ne peut pas être publié. Pas question ! » Selon Anne Brassens, ex-chargée de mission à la direction financière, cela aurait mené à des arbitrages défavorables. Ainsi, Vivendi, qui avait hérité de 7 milliards d'obligations Seagram à des conditions financières « très favorables », préférera les rembourser uniquement « pour ces raisons comptables », a témoigné Anne Brassens. En effet, conserver ces obligations aurait obligé à publier les comptes de Seagram, ce que Vivendi ne voulait pas faire, car « cela aurait obligé Vivendi à donner les détails du PA, et donc de montrer quelle était la part de l'Ebitda venant du PA ». JAMAL HENNIune découverte dont ni l'amf ni la sec n'avaient parlé.
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