EMI : deux mois pour échapper à ses créanciers

EMI passera-t-elle l'hiver en l'état ? Après des années à tenter de trouver une solution à sa dette colossale, la prestigieuse maison de disques semble désormais à court de solutions. Au 31 mars, elle doit rembourser des intérêts sur l'énorme dette qu'elle doit à Citigroup. Sauf si ses investisseurs mettent une nouvelle fois la main à la poche d'ici là, elle n'en est pas capable.La mythique maison de disques, qui possède les Beatles, les Beach Boys ou encore Pink Floyd dans son catalogue, croule depuis 2007 sous une dette de plus de 3 milliards de livres (3,5 milliards d'euros). Celle-ci a été contractée par Terra Firma, la maison de private equity gérée par Guy Hands, un financier qui a conclu cette acquisition à un prix beaucoup trop élevé (5 milliards d'euros) au sommet de la bulle financière. Depuis, Guy Hands se bat pour tenter de redresser la situation. À plusieurs reprises, il a convaincu les investisseurs de Terra Firma d'injecter du capital supplémentaire. Mais ceux-ci ne veulent plus continuer.Scission possibleGuy Hands a aussi intenté un procès à Citigroup, sa banque conseil, qu'il accuse d'avoir artificiellement fait monter les enchères lors de la cession. Débouté en novembre, il vient d'annoncer qu'il allait faire appel.D'ici là, Citigroup pourrait cependant prendre le contrôle d'EMI, si le remboursement de la dette n'est pas respecté. La stratégie la plus probable de la banque serait alors sa séparation en deux entités : EMI Music, la maison de disques à proprement parler et EMI Music Publishing, qui détient le catalogue et en exploite les droits. Warner Music, qui a tenté à plusieurs reprises de fusionner avec EMI, pourrait être intéressé par la première partie, et BMG Music Publishing par la seconde.Le paradoxe est que les résultats d'EMI se sont plutôt améliorés ces dernières années. Son chiffre d'affaires s'est stabilisé, après une baisse d'un tiers de 2002 à 2008. En réduisant ses coûts, la maison de disques a même dégagé un bénéfice opérationnel de 140 millions d'euros en 2009-2010, dernière année disponible. Mais la dette est simplement trop forte pour que ces améliorations suffisent. Éric Albert, à Londre
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