Malentendus et divergences sé parent toujours Paris et Berlin

Angela Merkel en a rêvé. Nicolas Sarkozy va le faire. En annonçant hier son intention d'inscrire dans la Constitution une « règle d'équilibre » des finances publiques, le président français a devancé la demande allemande de renforcer de la « culture de stabilit頻 en Europe. Cette semaine, d'abord dans les colonnes du quotidien « Le Monde» puis mercredi devant le Bundestag, la chancelière allemande avait vigoureusement plaidé en ce sens, insistant sur la nécessaire « stabilisation des budgets publics ». Le président français ne pouvait faire de plus grande concession à la conception allemande de l'union monétaire et au juridisme germanique que d'emboîter le pas à Berlin qui a porté l'équilibre budgétaire au rang de principe constitutionnel en 2009. Paris et Berlin n'ont pas pour autant quitté le « jardin des malentendus » pour l'Eden. Il n'était qu'à entendre, pour s'en convaincre, Angela Merkel déclarer le mercredi que « l'euro est en danger » et Christine Lagarde rétorquer le lendemain qu'elle ne croyait « absolument pas » monnaie unique menacée. De même, la critique, par la ministre française, de la stratégie allemande de recherche de compétitivité à l'export, aux dépends de la demande interne, n'est toujours pas passée. Quand enfin Berlin a pris unilatéralement ce mercredi la décision de bannir les ventes à nu de contrats d'assurance sur la dette souveraine, la locataire de Bercy a trouvé la décision « discutable », et regretté l'absence de « concertation préalable ». En matière de régulation financière, Paris a un joker... à Bruxelles. Loin de se vexer de la décision unilatérale allemande sur les CDS, alors que lui même planche actuellement sur une régulation des produits dérivés, le commissaire en charge de la régulation financière Michel Barnier a assuré au contraire « comprendre la décision allemande ». A la veille du vote historique du Bundestag sur les 123 milliards d'euros de garantie allemande dans le cadre du mécanisme de sauvetage, Berlin voulait un gage. Le chef du groupe CDU au Bundestag Peter Altmaier, n'a-t-il pas déclaré au quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung « nous devons, en même temps que le parapluie de sauvetage faire un pas décidé vers la régulation des marchés financiers ». Pas rancunier, Michel Barnier était hier à Berlin pour dire qu' « il faut avancer sans délai pour renforcer la régulation des marchés financiers ». « culture de la stabilit頻Réconcilier les approches française et allemande de l'Union monétaire reste une gageure. On n'imagine pas, en France, qu'un des principaux dirigeants politiques du pays puisse déclarer : « nous avons eu tort de troquer notre mark bondissant contre votre ferraille », comme l'a fait récemment le patron de la CSU, le parti frère de la CDU d'Angela Merkel, en Bavière. A cet euroscepticisme latent, la chancelière oppose sa « culture de la stabilit頻, autrement dit « ne pas vivre au dessus de ses moyens ... et avoir pour objectif de moyen terme de réduire les déficits », résume Jürgen Matthes, économiste à l'Institut der deutschen Wirtschaft. Elle n'a d'autre choix que d'y rallier ses partenaires européens. La réunion des ministres des finances sur la gouvernance de la zone euro qui se tient aujourd'hui à Bruxelles sera un test.
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