Huawei marche sur les plates-bandes de l'iPad d'Apple

Sur le campus de Huawei, à Shenzhen, dans le sud de la Chine, pas d'agitation particulière. Comme tous les midis, les 40.000 employés du site, pour la grande majorité de jeunes ingénieurs en télécoms, se dirigent en rangs serrés vers les nombreuses cafétérias. Comme tous les jours, le ballet ordonné des limousines allemandes dépose les délégations de dirigeants des plus grands opérateurs mondiaux venus voir, de plus près, les produits et applications de l'équipementier chinois qui ont tant bousculé le monde des télécoms ces dix dernières années. Un jour comme tous les autres dans cette ville surpeuplée, ancien village de pêcheurs, devenue en trente ans la capitale chinoise des télécoms.Pourtant, dans le secret de sa dizaine d'immeubles de verre, Huawei se prépare à une année 2010 cruciale. Parvenu, en à peine vingt ans, à se hisser parmi les trois premiers équipementiers en télécoms du monde, le groupe de Shenzhen veut maintenant se faire une place dans les terminaux mobiles, un secteur pourtant ultra concurrentiel. Une offensive tous azimuts : téléphones mobiles, modems wi-fi et/ou 3G, boxes et même tablette. Annoncée discrètement en février lors du Mobile world congress de Barcelone, la Smakit S7 doit sortir dans les toutes prochaines semaines. Un premier contrat a été signé avec un opérateur du nord-est de l'Europe, assure la direction de Huawei, sans dévoiler l'identité de ce client. Car pas question de le froisser. « Notre position est claire. Nous nous présentons comme un partenaire pour les opérateurs, notamment dans leur lutte contre certains fabricants de terminaux mobiles indépendants », explique dans un grand sourire Kevin Zhang, le directeur marketing de Huawei. En clair : se placer face à Apple aux côtés des opérateurs, que le modèle économique de l'iPhone et de l'iPad prive d'une grosse part du nouveau marché de l'Internet mobile. Et espérer leur vendre au passage plus d'équipements en télécoms. D'où la prise de risque sur ce nouveau marché.par défaut Wi-fi et 3G Développé sous Android, le système d'exploitation du géant Google, la tablette sera commercialisée directement par l'opérateur et non par des distributeurs indépendants, comme l'a décidé Apple pour l'iPad. La Smakit sera également, par défaut, wifi et 3G, ce qui permettra à l'opérateur de pouvoir vendre en plus un abonnement pour accéder à son réseau mobile, ce qui n'est pas forcément acquis avec l'iPad d'Apple. Enfin, Huawei a bien des applications à proposer à ses clients opérateurs, mais là encore, pas question de lui forcer la main. Le chinois joue la carte de la coopération.« Nous ne souhaitons pas faire de Huawei une marque qui s'affiche dans la rue », assure Kevin Zhang, faussement modeste. Car l'ambition du groupe est bien de se hisser parmi les premiers fabricants au monde. Et faire de la division mobile, créée en 2003, l'un des axes de croissance de la société, alors que le marché des équipements est en train de se banaliser. L'an dernier, Huawei dit avoir écoulé 90 millions d'appareils mobiles, dont environ 30 millions de téléphones, pour un chiffre d'affaires de l'ordre de 5 milliards de dollars. Son objectif : doubler les ventes en volume cette année avec la sortie de plusieurs smartphones bon marché, notamment pour les jeunes. Et pourquoi pas prendre le dessus sur un concurrent dont on n'aime pas citer le nom chez Huawei : ZTE, le deuxième groupe chinois de télécoms, lui aussi lancé dans la course aux appareils mobiles.
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