Cannes

Des polémiques, une absence remarquée de grandes stars sur le tapis rouge, des réalisateurs majeurs pas toujours inspirés et la paternité comme thème récurant dans bon nombre de films. Voilà ce à quoi a ressemblé cette 63e édition du Festival de Cannes.Contrairement à l'an passé, la sélection n'offrait pas de « choc » similaire à celui provoqué par « Un prophète » de Jacques Audiard. Deux films sont néanmoins sortis du lot. Le magnifique « Biutiful » du Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, portrait lyrique d'un père complexe, malade, obsédé par l'idée de sauver ses enfants et magistralement interprété par Javier Bardem. Tout aussi bouleversant, « Des hommes et des dieux » de Xavier Beauvois, sur les moines de Tibéhirine. Une histoire de choix moral et de fraternité. De résistance aussi, tant ces hommes de foi refusent la terreur imposée par l'armée comme par les islamistes. On aurait aimé que certains grands réalisateurs soient aussi inspirés que Beauvois. Génial pour les uns, Mike Leigh n'a pas su nous convaincre avec son « Another Year » si répétitif qu'il en est devenu lassant. Takeshi Kitano s'est fourvoyé avec « Outrage », film de yakuza indigent dont la violence gratuite s'est révélée insupportable. Inégal aussi la « Copie conforme » bavarde d'Abbas Kiarostami. Et que dire de Daniele Luchetti (« le Porteur de serviette ») venu avec le très quelconque « la Nostra Vita » dans lequel un veuf, chef de chantier, est prêt à tout pour gagner de l'argent afin d'offrir à ses enfants de quoi combler l'absence de leur mère.D'autres films ont su développer ce thème de la paternité avec plus ou moins de bonheur. À commencer par le « Robin Hood » de Ridley Scott. Mais aussi « Chongqing Blues » de Wang Xiaoshuai, « la Princesse de Montpensier » de Tavernier où les pères négocient leurs enfants pour tirer le maximum de bénéfice de leur mariage. Et bien sûr le très beau « Un homme qui crie » du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun.Mais il faudra vraiment attendre dimanche soir pour connaître le choix du jury présidé par Tim Burton. D'autant qu'il reste encore deux films en compétition. Il s'agit là des oeuvres les plus polémiques du festival : « Soleil trompeur 2 » de Nikita Mikhalkov, contre qui les plus grands cinéastes russes ont signé une pétition. Et « Hors la loi » de Rachid Bouchareb, sur la guerre d'Algérie, accusé d'être négationniste et anti-Français avant même d'avoir été vu. Pire encore. Matignon aurait appelé, dès le mois de novembre, le Festival pour s'assurer que le film ne serait pas présenté sous pavillon français alors qu'il est financé par la France dans sa très grande majorité. À pleurer. Reste heureusement le 7e art pour nous consoler.Yasmine Youssi, à Canne
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